Cauphy Gombo : « Si je suis président, tout le monde sera invité à ma table ! »

En exclusivité, jeuneafrique.com a obtenu l’interview du dernier candidat déclaré à l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire, Cauphy Gombo.

Cauphy Gombo n’a qu’un seul programme : le « gomboïsme ». © Gbich

Cauphy Gombo n’a qu’un seul programme : le « gomboïsme ». © Gbich

Publié le 8 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

JEUNEAFRIQUE.COM : Quel est le sens de cette candidature tardive à l’élection présidentielle ? N’avez-vous pas trouvé un candidat pour répondre à votre idéal de société ?

CAUPHY GOMBO : Logiquement, vous devriez me payer pour cette interview. Mais je ferai une exception pour cette fois-ci… parce que c’est jeuneafrique.com. Bien ! Pour répondre à votre question, je poserai une autre question : n’est-ce pas la date du 31 octobre qui est elle-même tardive ? Vous savez comme moi que plusieurs dates avaient été fixées et reportées sine die. Si cela n’a gêné personne, alors ma candidature tardive ne doit pas déranger. Et puis, je suis candidat certes, mais je ne suis pas obnubilé par le fauteuil présidentiel. Il parait que l’État subventionne la campagne des candidats. Moi, c’est ce qui m’intéresse ! Pour le reste…

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Vous êtes le seul à ne pas revendiquer votre attachement à Félix Houphouët-Boigny. Pourquoi ?

Le vieux père Houphouët-Boigny a fait ce qu’il pouvait à la tête de ce pays. Et il a fait beaucoup ! Aujourd’hui plus qu’hier, on apprécie toutes ses œuvres. Il s’est fait un nom et l’houphouétisme a aujourd’hui de nombreux disciples. Moi aussi, je suis ambitieux, je veux me faire un nom. Je veux créer le « gomboïsme ». Vous savez, le gomboïsme est en chacun de nous, même vous le journaliste. C’est le fait d’avoir un peu le sens des affaires dans le sang, De savoir être opportuniste…

La Radio télévision ivoirienne (RTI) a-t-elle pu programmer votre temps de parole, afin qu’il soit équitable par rapport à celui des autres « partants » ?

Pas besoin, tout le monde me connaît déjà. Et puis il y a Gbich, mon journal de campagne. Les autres candidats n’y ont pas accès ! Comme on dit à Abidjan, chacun a son terrain.

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Contesterez-vous les résultats si vous n’êtes pas élu ?

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En tout cas, si on ne me donne pas l’argent pour battre campagne, je vais commencer par protester avant même de contester.

Et si vous êtes élu, tendrez-vous la main à l’opposition ?

Si je deviens président, pourquoi voulez-vous que je mange seul ? C’est tout ça qui envoie des palabres inutiles. Il y a un proverbe qui dit chez nous que si tu vois deux personnes se battre sur le partage de 100 F, c’est qu’il y a un qui veut garder 60 F. Donc avec moi, pas d’opposition, pas de rébellion : tout le monde sera invité à ma table !

Quelle reconversion proposerez-vous aux ex-rebelles et à leurs représentants politiques ?

Pour ceux qui ont pris les « bao » [armes à feu, NDLR], il y a un programme de réinsertion qui a été mis en place. Quant à leurs représentants politiques, ne vous en faites pas. Un politicien, c’est comme un chat. Il possède sept vies et retombe toujours sur ses pattes.

D’autres craignent déjà, connaissant votre âpreté au gain, que vous vous en mettiez plein les poches…

Ah oui ? Parce que les autres candidats sont venus regarder la mer à Abidjan ?

Allez-vous promouvoir la polygamie ?

Absolument ! Il paraît qu’en Côte d’Ivoire, il y a plus de femmes que d’hommes. Pour ne pas que certaines restent sans mari, il faut vulgariser la polygamie. Et puis, certains "en haut de en haut" la pratiquent officiellement. Suivez mon regard…

Comment réglerez-vous l’épineuse question foncière ?

Je répète qu’en Côte d’Ivoire, il y a un proverbe qui dit que quand deux personnes se battent sur le partage de 100 F, c’est qu’il y a un qui veut garder 60 F. Ceux qui ont les terres doivent s’entendre avec ceux qui les mettent en valeur. À quoi cela sert de perdre le temps dans la bagarre si on peut s’entendre pour manger ? C’est çà, le gomboïsme !

Êtes-vous pour le droit du sol ou le droit du sang ?

Hmmm !!! Les débats de « ou » et de « et » là, je m’en méfie comme la peste. C’est d’ailleurs l’une des causes de notre crise actuelle. Donc pardon, il faut laisser ça, monsieur le journaliste !

Allez-vous sortir les Français de Côte d’Ivoire, une bonne fois pour toutes ?

Pourquoi ? Ça n’a aucun sens. À supposer un instant que je fasse cela, la France risque d’appliquer la réciprocité et chasser tous mes parents « benguiste » [nom donné aux Ivoiriens qui vivent en France, NDLR]. Déjà qu’on a du mal à se nourrir ici, imaginez la situation si on doit partager notre plat de garba avec tous ces rapatriés-là.

Les humoristes ont-ils le droit de rire de tout, même des sujets les plus graves ?

On peut rire de tout, c’est le moment qui est parfois mal choisi pour le faire. Écoutez, cela suffit comme çà. Ce n’est pas parce que cette interview est gratuite que vous allez abuser ! À la prochaine question, je vous fais payer !

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