Un double attentat vient gâcher la fête
Les rebelles du Mend ont répondu aux cérémonies du cinquantenaire au Nigeria par un attentat à la bombe qui a fait au moins huit victimes à Abuja.
Nigeria, un colosse aux pieds d’argile
Les explosions de deux voitures piégées ont fait au moins huit morts à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, alors que le pays fête aujourd’hui, vendredi 1er octobre, le cinquantenaire de son indépendance. L’attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), le principal groupe rebelle au Nigeria.
L’attaque a eu lieu dans le quartier du ministère de la Justice, non loin de la place où se tenaient les célébrations de l’indépendance. Parmi les personnes tuées figure un officier supérieur de la police, selon une source policière. La détonation a également fait trois blessés graves et détruit des dizaines de véhicules. « La seconde explosion a fait plus de victimes car la première avait attiré la foule » sur les lieux, a expliqué sous couvert d’anonymat un agent des services de renseignements.
La parade militaire maintenue
Le président Goodluck Jonathan a condamné l’attentat, le qualifiant dans un communiqué d’ « acte bas, sale et épouvantable de désespoir de criminels et d’assassins qui ne souhaitent pas de bien au Nigeria ».
Mais en dépit du drame, les festivités pour le cinquantenaire de l’indépendance du pays n’ont pas été interrompues par les forces de l’ordre, qui ont laissé se dérouler la parade militaire organisée pour l’occasion. C’est pourtant bien cette journée particulière qui a suscité la colère du Mend. La rébellion nigériane avait prévenu en début de journée qu’elle avait piégé le site de la cérémonie pour provoquer l’annulation de celle-ci.
« Plusieurs engins explosifs ont été placés avec succès dans et aux alentours » du site où doivent se dérouler les cérémonies, affirmait un communiqué qui réclamait l’évacuation des lieux avant 10h30, heure locale. « Il n’y a rien de bon à célébrer après 50 ans d’échecs », déplorait le Mend dans son communiqué. « Depuis 50 ans, la population du delta du Niger a vu ses terres et ses ressources lui être volées ». La première explosion s’est produite une heure après l’expiration de l’ultimatum.
Guerre du pétrole
Le Mend est à l’origine d’une longue série d’attentats et d’enlèvements survenus sur les sites pétroliers et gaziers du delta. Ils réclament une meilleure répartition des richesses issues de l’exploitation du sol, arguant que les habitants de la région souffrent de la misère tandis que les dirigeants s’enrichissent.
Certains des rebelles affiliés au Mend ont fait sécession ces derniers mois, après la signature d’accords d’amnistie avec le gouvernement de l’ancien président aujourd’hui décédé, Umaru Yar’Adua. Son successeur, Goodluck Jonathan, a renouvelé l’offre de paix. Un noyau dur de la rébellion subsiste cependant. (Avec AFP)
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