Premiers signes de vie des sept otages enlevés au Niger

Alors que la présidente d’Areva Anne Lauvergeon se rend au Niger, et qu’un centre de renseignement dédié à la lutte contre Aqmi a été créé à Alger, le groupe terroriste « communique ». En diffusant des images et un enregistrement des sept otages…

Capture d’écran d’Al-Jazira réalisée par Al-Andalus, montrant les otages et leurs ravisseurs. © AFP

Capture d’écran d’Al-Jazira réalisée par Al-Andalus, montrant les otages et leurs ravisseurs. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 30 septembre 2010 Lecture : 3 minutes.

C’est la chaîne Al-Jazira qui a diffusé, jeudi 30 septembre, les premières images des sept otages enlevés à Arlit (Niger) dans la nuit du 15 au 16 septembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Celles-ci sont tirées d’un enregistrement montrant plusieurs personnes assises à l’ombre sur du sable qui répondent chacune leur tour à des questions posées en français par un inconnu. Derrière elles, des hommes en armes. Sur l’enregistrement diffusé peu après sur un site islamiste, on entend les cinq otages français décliner leur identité.

Sur les images, le visage de la Française Françoise Larribe a été flouté. Et sur l’enregistrement de quatre minutes et cinq secondes, son mari Daniel déclare : « Nous avons été kidnappés pendant la nuit, dans notre maison, par un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et nous sommes à l’heure actuelle détenus par Aqmi. »

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Le document a été authentifié, et les autorités de Paris – qui s’étaient dit prêtes à négocier avec Aqmi – ont acceuilli sa diffusion comme « un signe encourageant ».

Le groupe des otages est formé d’un cadre d’Areva et de son épouse, tous deux français, ainsi que de cinq employés de Satom : trois Français, un Malgache et un Togolais. Leur enlèvement a été revendiqué par Aqmi le 22 septembre. Depuis, selon une source malienne, ils seraient « détenus entre les déserts malien et algérien », dans la zone des monts Timétrine, une région de collines désertiques dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne.

Parasiter la visite d’Anne Lauvergeon

La publication de ces images aujourd’hui n’est pas anodine. Il s’agit vraisemblablement de « parasiter » la visite d’Anne Lauvergeon qui a lieu en ce moment même au Niger, les 30 septembre et 1er octobre. Et de faire monter le prix de la libération des otages – même si aucune revendication n’a pour l’heure été officiellement formulée.
Mais le but des djihadistes est également de montrer aux puissances de la région qu’ils ne sont nullement inquiétés par les velléités de ces dernières de mettre leurs forces en commun pour les combattre. Bref, qu’ils maîtrisent la situation.

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Selon le quotidien algérien El Watan, qui cite une source proche du dossier, les chefs du renseignement de l’Algérie, du Niger, de la Mauritanie et du Mali ont en effet créé un centre unifié de renseignement pour contrer le terrorisme dans le Sahel lors de leur réunion à Alger du 29 septembre.


Image extraite de la vidéo diffusée par Al-Jazira.
© D.R.

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Bisbilles algéro-marocaines

La direction de ce centre doit être tournante, comme l’est celle du Conseil d’état-major militaire régional qui s’était réuni dimanche au QG de Tamanrasset, dans le sud algérien. À cette occasion, l’Algérie avait passé la présidence du Conseil au Mali. Mais le pays d’Amadou Toumani Touré n’a pas réussi à faire accepter l’entrée du Maroc dans le Conseil. Explication du refus algérien, selon El Watan : le royaume chérifien ne serait pas « géographiquement concerné ».

La source citée par le journal accuse même « des pays étrangers à la sous-région » d’exercer des pressions en ce sens – entendre la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne. « Les activités d’Al-Qaïda sont concentrées surtout dans les territoires du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie, a-t-elle fait valoir. Le Maroc n’a pas pied dans cette région », affirme-t-on à Alger.

Aqmi profite pourtant des trafics (de drogue notamment) qui se développent à la frontière algéro-marocaine, en « taxant » les contrebandiers quand ils transitent par leur sphère d’influence. De l’avis de nombreux experts du renseignement, une coopération institutionnelle entre les deux pays serait donc une avancée majeure dans la lutte contre le terrorisme au Sahel… (Avec AFP)

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