La libération d’Abdel Basset el-Megrahi critiquée au Sénat américain
La commission des Affaires étrangères du Sénat a examiné les circonstances de la libération d’Abdel Basset el-Megrahi, condamné dans l’attentat contre le contre le vol Pan Am en 1988, dans lequel 189 Américains ont péri.
La polémique n’en finit pas. Libéré en août 2009 parce que, aux dires des médecins, il ne lui restait que quelques mois à vivre, le Libyen Abdel Basset el-Megrahi, condamné dans l’attentat de Lockerbie en Écosse, est toujours en vie. Des experts ont contesté sa libération pour raisons de santé, devant le Sénat américain mercredi 29 septembre.
Trois mois à vivre, au grand maximum. C’est ce qu’avait affirmé l’an passé le professeur Karol Sikora, qui avait évalué l’état de santé de Megrahi à la demande des autorités libyennes. Il avait ainsi rendu possible la libération d’un homme reconnu coupable de l’attentat à la bombe perpétré en décembre 1988 contre un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie et condamné à la prison à vie, avec une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais. 270 personnes ont trouvé la mort dans cet attentat.
Encore en vie
Trois mois plus tard, il est toujours en vie. Il continue de lutter contre la maladie depuis la Libye, qu’il a regagné libre. « Je ne suis pas le moins du monde surpris que Megrahi soit en vie aujourd’hui. Et cela n’aurait pas dû échapper aux spécialistes du cancer qui le suivaient », a tancé le Dr James Mohler, spécialiste de cette maladie, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, mercredi.
Selon un des ses confrères, un malade du cancer, s’il a reçu une chimiothérapie, peut s’attendre à un diagnostic de survie de 19 mois. Or, la commission a reçu des informations attestant que Megrahi suivait un traitement depuis juillet 2009, ce que ne mentionne pas le gouvernement écossais. Les sénateurs ont d‘ailleurs dénoncé le manque de coopération des autorités britanniques.
Pas d’engagement concret
Les États-Unis déplorent la libération de Megrahi. Des représentants de l’administration américaine sont venus réaffirmer devant la commission la position de Washington sur la question. « Il n’y a eu aucune ambiguïté […], la position du gouvernement américain était qu’il devait purger toute sa peine en Écosse », a dit Nancy McEldowney du bureau des Affaires européennes du département d’État.
McEldowney a en outre expliqué que les États-Unis avaient cherché, en vain, à obtenir un engagement concret de la part des Britanniques attestant qu’il n’y aurait pas de remise en liberté. « Mais, il y avait un accord de principe clair », a-t-elle dit.
En juin dernier, le professeur Karol Sikora avait déclaré au Sunday Times que lors de son expertise médicale, les autorités libyennes lui avaient clairement fait comprendre que s’il concluait que Megrahi devait mourir dans les mois suivants, cela augmenterait beaucoup ses chances d’être libéré.
BP impliqué ?
Le président de la commission, Robert Menendez, a également critiqué le comportement du groupe pétrolier britannique BP dont les responsables ont refusé de venir témoigner sur le rôle de l’entreprise dans cette libération. BP est soupçonné d’avoir joué de son influence pour obtenir la libération du condamné contre un permis d’exploration de 900 millions de dollars au large de la Libye. BP a démenti cette accusation.
« Nous avons essayé d’avoir des réponses. Nous avons demandé à plus de 30 personnes de nous aider, toutes ont refusé », a dit le sénateur Menendez, citant notamment le directeur général de BP Tony Hayward.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Burkina Faso : entre Ibrahim Traoré et les miniers, une guerre de tranchées à l’ho...
- Guinée : ce que l’on sait de la mystérieuse disparition de Saadou Nimaga
- Sécurité présidentielle au Cameroun : Dieudonné Evina Ndo, une ascension programmé...
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique