Mabri Toikeusse peut-il sauver l’UDPCI ?

Le parti fondé en 2001 par feu le général Robert Gueï, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, apparaît comme la quatrième force politique du pays malgré les défections. Dans la perspective de la présidentielle du 31 octobre, l’UDPCI et son candidat, Mabri Toikeusse, résistent aux assauts du parti au pouvoir.

Albert Mabri Toikeusse est le candidat de l’UDPCI à la présidentielle du 31 octobre prochain. © AFP

Albert Mabri Toikeusse est le candidat de l’UDPCI à la présidentielle du 31 octobre prochain. © AFP

Publié le 4 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

« L’avènement de ce parti a changé la cartographie du paysage politique ivoirien. Des militants du PDCI, du RDR et du FPI avaient rejoint l’ex-chef de l’État dans l’aventure », estime un analyste politique ivoirien. Avant même d’achever sa structuration, l’UDPCI a très tôt chassé sur les terres traditionnelles du FPI dans l’Ouest montagneux.

Cette partie du pays réputée être l’un des bastions du parti de Laurent Gbagbo a basculé dans le camp du général-président lors des dernières élections législatives et départementales. Ainsi naît le « Gueïland » (16 % de l’électorat national) qui ne jure désormais que par l’ancien putschiste.

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Mais l’UDPCI digérera mal l’assassinat de Robert Gueï, le 19 septembre 2002, aux premières heures de la rébellion. Quelques mois plus tard, de sérieuses divergences naissent entre les dirigeants du parti. La cohésion et l’unité volent en éclats. Laurent Gbagbo lance une OPA sur le parti. Il recrute Franck Gueï, le fils aîné du général qui est bombardé au poste de conseiller spécial chargé de la médecine rurale à la Présidence. Le Chef de l’État multiplie les manœuvres pour récolter des dividendes politiques de l’organisation des obsèques de Robert Gueï alors que certains cadres et dirigeants ont accusé le pouvoir d’être le responsable de son assassinat.

Une saignée incessante

L’UDPCI est au bord de l’implosion. Après avoir jeté son dévolu sur le fils Gueï, le camp Gbagbo vise les dirigeants du parti. Une cour assidue est faite à Paul Akoto Yao, le président intérimaire, pour ramener le parti dans le giron présidentiel. Poussé à la porte, il prend sa retraite politique. Les guerres intestines sont si vives qu’elles mettent le parti en lambeaux. Plusieurs autres barons et compagnons de route du général-président, et non des moindres, ont quitté la formation pour rejoindre le camp du chef de l’État Laurent Gbagbo ou créent leurs propres formations politiques.

Noutoua Youdé, le président du groupe parlementaire de l’UDPCI, rejoint le parti au pouvoir pour être directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo dans la ville de Zouan Hounien, près de la frontière libérienne. L’une des animatrices de l’UPDCI, Danielle Boni Claverie, également ex-ministre de la Communication du président Henri Konan Bédié, démissionne et lance l’Union républicaine pour la démocratie (URD), un parti allié à La majorité présidentielle (LMP). Elle sera imitée quelques mois plus tard par un conseiller spécial à la Présidence comme elle, Éric Kahé, qui fonde l’Alliance ivoirienne pour la république et la démocratie (AIRD).

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Siki Blon Blaise (alias Bulldozer), président du Conseil régional de Man (région des 18 montagnes, ouest de la Côte d’Ivoire) et figure de proue de l’UDPCI, s’est lui aussi rapproché du président Laurent Gbagbo. À peine quelques semaines après l’inhumation du général Robert Gueï dans son village de Kabacouma en septembre 2009, il a créé au sein du parti un courant baptisé « Vision Gueï Robert ». 

Le test du 31 octobre

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La prochaine élection présidentielle du 31 octobre sera une échéance capitale pour tester l’implantation de la formation politique de l’ancien putschiste dans le pays. Et la popularité de ses cadres.

Jean Blé Guirao, le prédécesseur de Guillaume Soro à la tête de la puissante Fédération scolaire et estudiantine (Fesci) est devenu secrétaire général adjoint chargé de l’organisation et de la mobilisation après avoir pris le contrôle de la jeunesse de l’UDPCI, poste où il a été remplacé par Séraphin Yao Kouadio. Quant à Dié Bonao, elle a été élue présidente de l’organisation des femmes. Alassane Salif N’diaye, un ancien ministre de l’Éducation d’Houphouët-Boigny, qui a été pendant longtemps ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France, a pris les rênes du secrétariat du parti.

Agé de 48 ans, Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI et ministre de la Santé dans le gouvernement de transition de Seydou Diarra, a réussi à prendre le contrôle du parti en avril 2005, en écartant tous ses potentiels rivaux dans la guerre de succession. Dès son élection, il restructure le parti arc-en-ciel. Le 18 mai 2005, il s’est allié au PDCI et au RDR pour former le Rassemblement des houphouétistes pour la paix et la démocratie (RHDP). 

Candidat à la présidentielle du 31 octobre, ce médecin de formation qui obtenu ses diplômes à l’université d’Abidjan et à la Washington University, tente de rassembler ce qui reste des partisans du général Gueï. En attendant le premier tour du scrutin, il multiplie les tournées sur le terrain. « Nous tenons bon, malgré la stratégie de Laurent Gbagbo de prendre le contrôle du parti », assure-t-il. Evaluation dès le 31 octobre…

 

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