Tunisie : Hollande est aussi venu pour les affaires
La France entend bien garder son rang de premier partenaire économique de la Tunisie. La visite de François Hollande a engrangé engagements et accords dont le pays d’Afrique du Nord espère de larges retombées.
Dans une Tunisie où la croissance peine à décoller depuis la Révolution, sur fond d’inégalités sociales persistantes, la visite d’État de François Hollande se voulait aussi à forte dimension économique. Quatre ministres dans des domaines clés (Commerce extérieur, Agriculture, Tourisme et Artisanat, Développement) et une quarantaine de patrons faisaient partie de la délégation présidentielle.
Pas d’annulation de dette
Question lancinante des relations bilatérales, déjà évoquée à plusieurs reprises par l’exécutif tunisien : la conversion d’une partie de la dette. Sur près de trois milliards d’euros de créance bilatérale, François Hollande s’est engagé à en transformer 60 millions en projet d’investissements « décidés en partenariat avec les Tunisiens ». « Cette conversion doit être exemplaire, a déclaré le président français, par son ampleur, par la nature des projets et par les lieux où les investissements se feront. Intervenir dans l’ensemble des régions permettra un développement inclusif ».
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Il n’y aura donc pas l’annulation demandée par certains partis. L’ambition est aussi d’amener les autres partenaires de Deauville à concrétiser les mêmes promesses. L’Allemagne avait lancé le mouvement en début d’année avec une première tranche de 30 millions d’euros, sur un total de 60 millions également.
Très politique aussi, le dossier des avoirs du clan Ben Ali en France, puisque rien n’a encore été récupéré par la Tunisie. Un magistrat sera spécialement détaché sur le dossier. « Tous les biens mal acquis vous seront rendus », a assuré le chef de l’État français.
Contrats et protocoles
François Hollande a été accueilli plus tard par l’Utica, la principale organisation patronale tunisienne. Wided Bouchamaoui, sa présidente, confie : « C’est un signal fort. Un signe de confiance, en cette période transitoire, que nous pouvons être des partenaires gagnants-gagnants. » Environ 1400 entreprises françaises emploient 125 000 personnes, principalement dans les PME. « La Tunisie vit un moment historique et les entreprises ont aussi un rôle à jouer. La révolution produit des espoirs, de l’inquiétude et ne peut réussir que si le développement économique connaît une accélération », a déclaré le président français devant un parterre de dirigeants tunisiens et français: « En servant la transition, vous servez la transition démocratique.» Hollande a aussi promis une enveloppe totale de 500 millions d’euros, dont 150 millions d’aides diverses gérées par l’AFD pour un grand projet de rénovation des quartiers.
La révolution produit des espoirs, de l’inquiétude et ne peut réussir que si le développement économique connaît une accélération.
Lors du séjour, trois protocoles financiers ont été signés pour un total de 345 millions d’euros : rénovation de la voie ferrée Sfax/Gabès/Gafsa et sécurisation des ports notamment. Mais la plus importante concerne la relance du réseau ferré du Grand Tunis. Puisée dans la réserve pays émergents, la somme de 290 millions d’euros sera versée si des entreprises françaises remportent des appels d’offres.
Dans la foulée du protocole signé avec Colas Rail et Samsung, le génie civil sera assuré par des entreprises tunisiennes tandis que Bombardier France prépare son offre commerciale pour le matériel roulant. « Un dérivé du produit qui circule en Ile-de-France. Des trains de capacité de 2 800 personnes. Un projet à grosse valeur socio-économique », détaille son PDG, Jean Bergé.
Partenariats de patrons
Côté secteur privé, l’occasion a aussi été fructueuse. Sous la houlette du Medef et de l’Utica cinq protocoles ont été signés. Schneider s’est engagé avec Poulina dans un grand projet de Data Center. Une « alliance numérique » finalisée par les deux gouvernements mets sur pied une dizaine d’accords entre partenaires français et tunisiens dans des domaines comme la sécurité des systèmes d’informations, la télésanté, la certification électronique etc…
Le secteur du tourisme a aussi bénéficié d’une ligne de crédit pour la mise à niveau des PME.
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