Moines de Tibéhirine : le général Rondot continue d’accuser le GIA

Pour le général Rondot, ancien agent du renseignement français, ce sont bien les hommes du Groupe islamique armé (GIA) qui sont responsables de l’enlèvement des moines de Tibéhirine. Il dit en revanche n’avoir « aucune information » sur une possible bavure de l’armée algérienne concernant la mort des religieux.

Le général Philippe Rondot, le 6 octobre 2009 à Paris lors du procès Clearstream. © AFP

Le général Philippe Rondot, le 6 octobre 2009 à Paris lors du procès Clearstream. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 29 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Un militaire reste souvent droit dans ses bottes. Déformation professionnelle ou pas, le général Philippe Rondot, qui était chargé de mission à la DST (contre-espionnage français) à l’époque de l’assassinat des moines de Tibéhirine au printemps 1996, ne change pas son interprétation des faits.

Entendu lundi par les juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux, il a une nouvelle fois écarté la thèse d’une quelconque responsabilité des services algériens qui auraient manipulé le chef du GIA, Djamel Zitouni. Pour lui, pas de doute, « c’est un groupe affilié à Zitouni, sinon Zitouni lui-même » qui est responsable de l’enlèvement et de l’assassinat des sept moines trappistes, selon le procès-verbal de l’audition consulté par l’AFP, mardi.

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Philippe Rondot, qui était en contact étroit avec le général Smaïn Lamari, patron de la DCE algérienne (Direction du contre-espionnage), ne croit pas une seconde qu’il aurait pu se faire « enfumer ».« Les services algériens ont probablement laissé fonctionner Zitouni car celui-ci a éliminé beaucoup de groupes concurrents. Autrement dit, il a éclairci le terrain », a expliqué le général. Il précise que « la stratégie de ces services était de pénétrer, manipuler et intoxiquer ces groupes pour provoquer leur éclatement et leur auto-destruction ».

Témoignage prudent et limité

Le général Rondot a donc livré une version similaire à celle qu’il avait fait sienne, en décembre 2006, devant le juge Jean-Louis Bruguière, alors chargé de l’enquête. « Je n’ai aucun élément crédible que j’aurais pu recueillir qui permettrait d’affirmer que les services algériens (…) auraient été complices » de l’enlèvement, a-t-il réaffirmé lundi.

Mais si le général est catégorique sur la non responsabilité des services algériens, son témoignage demeure prudent et limité, rempli de zones d’ombres. Il refuse fréquemment de répondre pour ne pas livrer ses sources, par exemple, ou d’évoquer des éléments toujours classés secret-défense.

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Surtout, le général Rondot a dit n’avoir eu « aucune information » sur l’hypothèse d’une bavure de l’armée algérienne, qui aurait tué par erreur les moines lors d’une opération. Cette piste est évoquée par le général François Buchwalter, ancien attaché militaire français à Alger, pour qui les moines ont été tués dans un raid d’hélicoptères militaires alors qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes. Une hypothèse relancée par des contradictions entre les différentes versions concernant les conditions de l’identification des têtes des moines tués. (Avec AFP)

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