Michel Kazatchkine : « Les chefs d’État africains font des plaidoyers en faveur du Fonds mondial »

À l’approche de la conférence des contributeurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le directeur exécutif de l’institution, Michel Kazatchkine, fait le point pour jeuneafrique.com sur les ressources nécessaires à sa mission. Interview.

Michel Kazatchkine redoute une baisse des contributions des pays donateurs du Fonds mondial. © AFP

Michel Kazatchkine redoute une baisse des contributions des pays donateurs du Fonds mondial. © AFP

Publié le 27 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Le 5 octobre à New York, les pays donateurs annonceront le niveau de leurs contributions au Fonds mondial. Quelles sont vos attentes ?

MICHEL KAZATCHKINE : Il faut d’abord rappeler que les États vont s’engager pour les trois prochaines années. Nous sommes donc dans la dernière ligne droite des Objectifs du millénaire, l’échéance étant fixée pour 2015. Les contributions qui seront annoncées le 5 octobre sont déterminantes pour l’ensemble des objectifs, car ils ne sont pas cloisonnés. L’amélioration de la santé maternelle, qui est l’objectif 4, dépend par exemple de la lutte contre le sida.

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Dans ce contexte, nous avons élaboré trois scénarios, en fonction de la demande des pays. Le scénario médian repose sur l’hypothèse que les pays lutteront contre les pandémies au même rythme que ces deux dernières années. Dans ce cas de figure, les besoins du Fonds s’élèvent à 17 milliards de dollars. Si les efforts sont plus rapides, ils atteindront 20 milliards de dollars. Et s’ils sont plus lents, 13 milliards.

La crise financière aura-t-elle un impact sur les contributions ?

Je suis en effet très préoccupé compte tenu du contexte budgétaire. La situation est difficile. Mais je sens une énergie monter, les chefs d’État, notamment en Afrique, s’expriment très fortement pour dire l’importance du Fonds mondial. Ils font désormais des plaidoyers, qui peuvent porter leurs fruits.

Certains pays récipiendaires font partie des premières économies mondiales, comme la Chine et l’Inde. Peuvent-ils devenir contributeurs ?

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La Russie est un précédent intéressant. En 2007, elle s’est engagée à rembourser tout ce qu’elle a reçu du Fonds d’ici 2010, et cela a été fait. Quant à la Chine et l’Inde, ils sont des récipiendaires très importants du Fonds mondial. Mais je leur ai demandé d’avoir un statut mixte, c’est-à-dire d’être à la fois récipiendaire et donateur. Ce changement serait lourd de sens, car il montrerait que le G8 ne supporte pas seul le coût de la solidarité mondiale. Un pays comme le Nigeria est dans cette situation. Ses contributions sont modestes mais le symbole est important.

Au Mali, un vaste système de détournements de ressources provenant du Fonds mondial est en train d’être mis au jour. Que vous inspire cette affaire ?

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C’est absolument décevant, choquant et insupportable. D’autant qu’une telle affaire peut nourrir certains esprits critiques à l’égard des politiques de développement. Mais d’un autre côté, le Fonds mondial est l’organisation la plus transparente qui soit. Je n’en connais pas beaucoup d’autres qui présentent leurs comptes sur internet. Nous avons construit sa réputation sur sa capacité à suspendre les subventions. C’est le cas en Mauritanie, et ça l’a été en Ouganda il y a quelques années.

En matière de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, quels objectifs du millénaire seront-ils atteints en 2015 ?

Pour le paludisme, nous atteindrons la couverture universelle en moustiquaires d’ici un an et demi à deux ans. Pour la tuberculose, nous sommes aussi sur la bonne voie, à l’exception de la tuberculose multirésistante, dont l’Afrique australe est un foyer. Pour le sida, il est possible d’inverser le cours de l’épidémie, actuellement stationnaire. Nous pouvons réussir à accroître la prévention et l’accès au traitement. Et, plus concrètement, enrayer la transmission de la mère à l’enfant.
 

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