Vaste élan de solidarité internationale pour Sidi Mouloud
L’arrestation de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud par les milices du Front Polisario, le 21 septembre au soir, a suscité de vives réactions dans le monde des ONG. Ce qui n’est pas sans déplaire à Rabat…
Il avait été prévenu. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, ancien inspecteur du Polisario, a été arrêté dans la soirée du 21 septembre, à Mheriz, à une trentaine de kilomètres de la frontière mauritanienne, alors qu’il se rendait dans les camps de Tindouf où vit sa famille. L’homme, qui avait annoncé son intention de défendre dans les camps la proposition d’autonomie prônée par le Maroc est accusé d’espionnage au profit du royaume et de trahison, a annoncé l’ambassadeur de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) à Alger, Ibrahim Ghali, le 23 septembre.
L’arrestation de l’ancien inspecteur a provoqué de vives réactions parmi les ONG et les organisations des droits de l’homme. Human Rights Watch, par la voix de sa directrice Moyen Orient-Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson, a appelé à la libération immédiate de Sidi Ould Mouloud et a demandé à ce qu’il puisse bénéficier d’un procès équitable et du concours d’un avocat.
« Ma vie est dans les camps »
La veille de son arrestation, Ould Mouloud avait confié ses craintes à Jeune Afrique. « Les chefs du Polisario sont là depuis trop longtemps. Ils sont devenus de vieux dictateurs qui n’ont plus aucun lien avec le monde d’aujourd’hui. Dans les camps il y a un seul parti et une seule opinion. » Malgré sa certitude de se faire arrêter, il était désireux de rejoindre les camps et de retrouver son épouse et ses enfants dont une petite fille née récemment et qu’il n’avait encore jamais vue. « Moi j’ai toujours vécu dans les camps. C’est là qu’est ma vie et c’est là que je dois retourner. »
Personne ne sait aujourd’hui où se trouve exactement l’ancien policier, ni ce qui va lui arriver. Mais son sort a mobilisé de nombreux soutiens, et c’est l’occasion pour le Maroc de pointer du doigt l’autoritarisme de la direction du Polisario. « Le Maroc n’a peut-être pas toujours été parfait sur le plan de la liberté d’expression mais des positions divergentes peuvent s’y exprimer et on peut y circuler librement. La preuve avec Aminatou Haidar ! », fait remarquer un officiel marocain. Pour le royaume, la situation d’Ould Mouloud tend également à prouver que des courants favorables à l’autonomie existent à l’intérieur même des camps, mais qu’ils n’ont pas la possibilité de s’exprimer.
Dans un appel publié par ses soutiens en Mauritanie, Ould Mouloud, qui appartient à la grande tribu des Reguibat Labeihat, écrit : « En mon nom et au nom de ma grande famille, je retire aux dirigeants actuels du Polisario le droit de la représentativité des Sahraouis vis-à-vis des Nations unies et des autres parties du conflit. J’exhorte tous mes frères, notables, Chioukhs et jeunes des tribus sahraouies à opter pour une solution définitive au conflit pour le bien de leurs proches et familles. Je lance également un appel pour prendre en considération la proposition de large autonomie comme solution de juste milieu, à laquelle j’adhère entièrement. »
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