Prince Johnson en route pour la présidentielle de 2011

La Ceni vient de légaliser le parti de l’ancien seigneur de guerre Prince Johnson. Qui peut donc se présenter à la présidentielle de 2011 face à Ellen Johnson Sirleaf.

L’ancien seigneur de guerre libérien Prince Johnson, chez lui à Monrovia le 26 juin 2009. © AFP

L’ancien seigneur de guerre libérien Prince Johnson, chez lui à Monrovia le 26 juin 2009. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 23 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Responsable de la mort de centaines de civils et de l’assassinat de l’ex-président Samuel Doe – en 1990, il avait fait filmer ses hommes le torturant à mort, pendant qu’il buvait tranquillement une bière – l’ancien seigneur de guerre libérien Prince Johnson peut désormais se présenter à l’élection présidentielle du Liberia, prévue à la fin de 2011.

Mercredi 22 septembre, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) lui a donné le feu vert en légalisant son parti, l’Union nationale pour le progrès démocratique (National Union for Democratic Progress). Prince Johnson étant absent du pays, c’est le secrétaire général de son parti, Emmanuel Lomax, qui s’est vu remettre le certificat de légalité.

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"Utilisés pour faire le sale travail"

« Ceci est une grande victoire pour nous », a-t-il déclaré devant quelques centaines de partisans – majoritairement des ex-combattants. « Des gens vous diront que notre candidat, Prince Johnson, a fait la guerre aux Libériens », a-t-il poursuivi. « La vérité, c’est que ce sont les politiciens, y compris la présidente Sirleaf, qui ont planifié cette guerre, et qu’ils nous ont utilisés pour faire le sale travail », a-t-il soutenu. Une rhétorique classique chez les soldats coupables de crimes de guerre et qui rejettent l’entière responsabilité de leurs actes sur leur commanditaires supposés.

Même s’il se présente à la présidentielle, et malgré le fait qu’il siège aujourd’hui au Sénat, Prince Johnson ne restera pas dans l’histoire comme un grand homme politique. Chef de faction sanguinaire, il a d’abord contribué à plonger son pays dans une série de guerres civiles (1989-2003) qui ont fait quelque 250 000 morts et des dizaines de milliers de mutilés.

L’obstacle de la Commission Vérité et Réconciliation

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Exilé au Nigeria pendant douze ans, il avait fait son retour au pays en 2004. Autres temps, autres mœurs, il avait alors changé de visage et dispensé un message de paix et de réconciliation pour se faire élire au Sénat l’année suivante.

Mais il n’est pas dit que Prince Johnson ne réponde pas un jour de ses exactions passées. Comme l’ancien président Charles Taylor, il est visé par un rapport de la Commission Vérité et Réconciliation qui demande qu’il soit traduit en justice pour les crimes qu’il a commis pendant la guerre et qu’il ne puisse plus occuper un poste officiel pendant 30 ans.

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En d’autres termes, si ces recommandations étaient appliquées par un tribunal, sa candidature éventuelle serait impossible. Face à cette menace, Prince Johnson avait agité le spectre d’un retour de la guerre civile pour tenter d’étouffer l’affaire. Mais une sorte d’accord tacite de « non-agression » avait vraisemblablement été conclu entre lui et la présidente Ellen Johnson Sirleaf. Car dans ses conclusions, la Commission avait également reproché à cette dernière d’avoir financièrement soutenu la guerre civile, et souhaité qu’elle ne puisse plus se représenter…

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