Les finalistes se disputent le contrôle de la Ceni
Les nuages semblent s’accumuler sur le scrutin même si la Ceni a proposé la date du 10 octobre pour la tenue du second tour de la présidentielle.
La crise électorale guinéenne semble s’envenimer. Alors que le général Sékouba Konaté s’est rendu mercredi 22 septembre à Bamako pour les cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance, à Conakry les esprits ont commencé à s’échauffer.
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) est au centre du bras de fer que se livrent les deux finalistes à la présidentielle, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. En cause : l’élection du syndicaliste Louncény Camara à la tête de la Ceni, le 20 septembre, pour remplacer Ben Sékou Sylla, décédé le 14 septembre dans un hôpital parisien.
"Casus belli"
L’ancien Premier ministre guinéen Sidya Touré, qui soutient Cellou Dalein Diallo, a récusé mercredi le nouveau président, en accusant Camara de militer pour le parti adverse.
« L’élection de Camara est un non évènement, une décision illégale qui s’est tenue nuitamment en l’absence de plusieurs membres de la Ceni, notamment de la présidente intérimaire de la Ceni Hadja Aminata Mame Camara », a déclaré Sidya Touré, au nom de « l’Alliance Cellou Dalein Diallo président ».
« Nous ne nous sentons pas concernés par cette élection, nous n’accepterons jamais qu’un militant du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) d’Alpha Condé dirige la Ceni », a-t-il ajouté, considérant cela comme « un casus belli ».
Auparavant, les partisans d’Alpha Condé réclamaient le remplacement de la présidente intérimaire, Madame Camara, jugée trop proche de Cellou Dalein Diallo, par une « personnalité neutre ». L’enjeu du contrôle de la Ceni est évident : son président peut « annuler des procès verbaux », a assuré Sidya Touré.
Sidya Touré récuse le nouveau président de la Ceni.
© Vincent Fournier pour J.A.
Risque de nouveau putsch militaire
La crise peut-elle être désamorcée ? Il faudrait pour cela qu’une date pour le second tour soit au moins fixée, comme l’a exigé le chef de la transition Sékouba Konaté, le 21 septembre. Malgré les dissensions en son sein, la Ceni a proposé ce mercredi la date du 10 octobre pour le scrutin, qui avait été reporté le 15 septembre. À charge désormais pour la présidence de l’accepter ou non.
Si le chemin à parcourir pour l’élection semble court, il est encore parsemé d’embûches et le risque d’une nouvelle intervention militaire n’est pas totalement éliminé.« La situation maintenant fait que les choses deviennent assez risquées et dangereuses », a déclaré mardi à Reuters le directeur du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit.
« Le risque de putsch militaire, si les choses tournent mal, est réel […]. Certains, dans les rangs de l’armée, cherchent des prétextes [pour intervenir, NDLR] », s’alarme-t-il.
De nouvelles violences ce week-end, par exemple, pourraient déclencher une nouvelle crise que même le général Konaté aurait du mal à contrôler. (Avec agences)
Le directeur du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit.
© Mohamed Nureldin Abdalla/Reuters
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