Abdoulaye Bio-Tchané : « Une croissance en deçà de 7 % ne suffit pas à réduire la pauvreté »

Le président de la Banque ouest africaine de développement (BOAD) fait le point avec jeuneafrique.com sur les Objectifs du millénaire du développement (OMD). Au même moment l’ONU, à New York, se penche elle aussi sur la question. Interview.

Le président de la Banque ouest africaine de développement, Abdoulaye Bio-Tchané. © Vincent Fournier pour J.A.

Le président de la Banque ouest africaine de développement, Abdoulaye Bio-Tchané. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 21 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quel bilan peut-on tirer des Objectifs du millénaire pour le développement dix ans après leur adoption ?

Abdoulaye Bio Tchané : Les États africains ont, en termes absolus, enregistré des progrès importants vers la réalisation des OMD. Toutefois, ces avancées ont commencé à marquer le pas, suite aux crises économiques et alimentaires mondiales. Divers rapports indiquent que la plupart des pays africains ne parviendront vraisemblablement pas à atteindre les OMD.

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Y a-t-il tout de même des raisons d’espérer les réaliser cinq ans après l’échéance fixée?
 
Oui, les raisons d’espérer sont importantes. Il y a d’abord les performances économiques obtenues par le continent africain depuis le début des années 2000, avec un taux de croissance économique qui se situe aux alentours de 5 % sur la période. Sur cette lancée, l’Afrique pourrait, au cours des prochaines années, atteindre ou approcher les 7 % de croissance nécessaire pour réduire sensiblement la pauvreté. Puis il y a la volonté politique, c’est à dire la détermination des gouvernements africains ainsi que l’engagement des instances sous-régionales et continentales, à tout mettre en œuvre pour réaliser les OMD.

En Afrique, dans quels domaines peut-on parler de réels progrès dans la réalisation des OMD ?
 
Les progrès ont concerné en particulier la lutte contre l’extrême pauvreté et la faim, l’amélioration de la scolarisation et de la santé infantile, l’extension de l’accès à l’eau potable et au traitement du VIH/sida. Pour l’accès à l’eau potable par exemple, on approche actuellement, en moyenne dans les pays de l’UEMOA, 65 % de la population, contre 51 % en 1990. En matière d’éducation, et plus spécifiquement pour le taux de scolarisation net, on est actuellement autour de 55 %, contre 34,5 % en 1990.

À quoi sont dus les retards dans la réalisation des OMD ?
 
Ils tiennent notamment de la faiblesse de la croissance économique qui reste en deçà du niveau de 7 % qui était requis pour réduire significativement la pauvreté. Il y a également les difficultés liées à la mobilisation de l’épargne intérieure, l’insuffisance de l’aide publique au développement et les effets négatifs des chocs externes.

Comment la BOAD contribue-t-elle à la réalisation des OMD ?
 
Les financements de la BOAD, concourant directement à la lutte contre la pauvreté, ont concerné l’hydraulique urbaine et villageoise, le crédit rural, l’électrification rurale, les aménagements de périmètres irrigués et l’assainissement. Ces financements s’élèvent à plus de 270 milliards F CFA.

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La BOAD a-t-elle été soutenue par les Nations unies dans le financement des OMD ?

Le système des Nations unies apporte son appui directement aux États membres de notre espace communautaire. Mais la BOAD coopère avec certaines agences du système des Nations unies, notamment le Fida (Fonds international de développement agricole), la Banque mondiale et la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), à travers le cofinancement de projets d’investissement dédiés à la réduction de l’extrême pauvreté. Les domaines concernés sont essentiellement l’amélioration de la productivité agricole, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et la préservation de l’environnement.
 

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