Un touriste canadien accusé d’espionnage au profit des États-Unis
Un Canadien a été mis sous surveillance par les services de sécurité libyens. Ceux-ci le suspectent de fournir des renseignements aux États-Unis pour faire capoter un projet de forages en eaux profondes de BP.
Les services libyens sont-ils paranoïaques ? Ils sont en tout cas très actifs et les arrestations d’espions – présumés – commencent à se multiplier. Dernière affaire en date, après celle du touriste israélo-tunisien Rafael Hadad, un Canadien a été empêché de quitter la Libye pour « raisons de sécurité », a-t-on appris lundi 20 septembre dans les colonnes du journal libyen Oéa.
Douglas Oriali, l’espion présumé, a le tort de posséder plusieurs nationalités : non seulement canadienne, mais aussi irlandaise et australienne. Tripoli le soupçonne de collaborer avec les renseignements américains « en vue de collecter des informations visant à faire échouer un projet de forage au large de la Libye du groupe pétrolier britannique BP ».
Selon Oéa, un « responsable libyen de haut rang » a précisé qu’Oriali s’était présenté à son arrivée en Libye comme un archéologue venu en touriste. Une sorte d’Indiana Jones et de 007, en somme.
Forages plus profonds que Deepwater Horizon
Oriali a été placé sous surveillance et a été interdit de sortie du pays après la découverte de contacts entre lui « et un diplomate américain en Libye soupçonné lui aussi d’être un agent des renseignements ». Des suspicions que l’ambassade du Canada à Tripoli a refusées de commenter. Mais des « sources de l’ambassade », toujours selon le journal, ont affirmé que Oriali était retenu dans son hôtel à Tripoli et qu’il avait été interrogé à deux reprises par la sécurité libyenne. Son ordinateur portable et son téléphone auraient été confisqués.
BP avait indiqué fin juillet vouloir démarrer une campagne de forage en eaux profondes dans le golfe de Syrte « dans quelques semaines », en vertu d’un accord conclu avec la Libye en 2007, avant de reporter son projet au deuxième semestre. Les travaux doivent se dérouler à 1 700 mètres de profondeur, soit légèrement plus que le puits de Deepwater Horizon, la plate-forme de BP dont l’explosion a déclenché fin avril la pire marée noire de l’histoire des États-Unis.
Les raisons de la nervosité de Tripoli
Mais si les services libyens sont sur le pied de guerre, c’est parce que la campagne de forage de BP est très critiquée aux États-Unis. Certains responsables américains soupçonnent en effet la compagnie britannique d’avoir exercé des pressions sur le gouvernement anglais en vue d’obtenir la libération du Libyen Abdelbaset al-Megrahi, condamné pour l’attentat de Lockerbie en 1988, qui aurait été l’une des conditions pour obtenir ledit contrat d’exploration.
Enfin, l’autre raison de la nervosité de Tripoli, c’est que les résultats des campagnes d’exploration menées tambour battant depuis cinq ans sont décevants. L’optimisme qui accompagnait le retour des majors en Libye, après l’abandon des sanctions internationales en 2004, est retombé. Pourtant, le pays possède les plus grandes réserves prouvées du continent : 44 milliards de barils. Mais il faudra sûrement attendre encore un peu avant de les exploiter.
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