Aqmi suspecté d’avoir enlevé sept salariés d’Areva et de Satom
L’enlèvement de sept personnes hier dans la région d’Arlit au Niger – un Malgache, un Togolais et cinq Français – a été confirmé par l’Élysée. Les ravisseurs sont vraisemblablement des membres d’Aqmi ou des bandits comptant revendre leur « prise » à l’organisation terroriste.
Mise à jour à 13h09.
Sept personnes ont été enlevées hier à leur domicile dans la région d’Arlit (1 000 km au nord-est de Niamey), où se trouvent de riches gisements d’uranium mais où opèrent, aussi, des membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). D’après une « source sécuritaire nigérienne », citée par l’AFP, il s’agit d’un salarié d’Areva et son épouse (groupe nucléaire français exploitant des mines d’uranium dans la région d’Arlit), qui sont de nationalité française, et de cinq salariés de Satom (filiale du groupe Vinci de bâtiment et travaux publics, sous-traitant d’Areva), dont trois sont également français et les deux autres de nationalité malgache et togolaise.
Le président français a réuni jeudi soir à Paris un « conseil restreint de défense », avec les principaux ministres et responsables militaires pour faire le point. La France a confirmé l’enlèvement de ses ressortissants et Nicolas Sarkozy a appelé les Français présents dans la zone à « redoubler de vigilance ».
Les ravisseurs parlaient arabe et tamashek
Les ravisseurs « n’ont pas été identifiés » pour l’instant, a déclaré le président français, alors que Niamey a évoqué un « groupe armé » et que tous les regards se tournent vers Aqmi.
D’après le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah, les sept otages ont été capturés vers 02h00 locales, soit 01h00 GMT, par un « groupe armé » qui comprendrait, selon les sources, de sept à une trentaine de personnes et se déplaçait à bord d’au moins deux pick-up. « Les assaillants seraient probablement des éléments » d’Aqmi ou des bandits qui vendent leurs otages aux jihadistes, a déclaré à l’AFP une source sécuritaire nigérienne.
Selon cette dernière, les ravisseurs « parlaient majoritairement arabe et souvent tamachek » (langue des Touaregs, en rébellion de 2007 à 2009) et ont fui en direction Inabangaret, près de la frontière avec l’Algérie et le Mali.
Carte de localisation de l’enlèvement de sept ressortissants étrangers dont cinq Français au Niger.
© AFP
Selon un salarié d’Areva résidant à Arlit, les assaillants ont d’abord enlevé chez lui un employé touareg, avec sa femme et son chauffeur. Puis, vraisemblablement sur ses indications, ils se sont ensuite rendus jusqu’aux quartiers où logent des salariés de Satom et Areva. Enfin, une fois le rapt terminé, ils auraient relâché leurs trois premiers otages.
Ambassades sur le pied de guerre
Après ces événement, Vinci et Areva ont annoncé avoir « immédiatement pris des mesures de sécurité supplémentaires pour les salariés des deux groupes présents au Niger ». Une porte-parole d’Areva a notamment précisé qu’un rapatriement vers Niamey était proposé aux salariés du groupe et à ses consultants extérieurs.
Joint la semaine dernière par Jeune Afrique pour aborder la question de la sécurité de ses salariés, Areva déclarait « avoir mis en place des systèmes de sécurité depuis plusieurs années du fait de la rébellion touarègue ». « 80 % de la sécurité consiste à avoir de bonnes informations et à respecter les bonnes règles de comportement », expliquait Gaëtan Halna du Fretay, le responsable de la protection des personnes du groupe.
Mais la menace s’était considérablement accrue après le raid franco-mauritanien du 22 juillet pour tenter – en vain – de libérer l’otage français Michel Germaneau, tué par Aqmi. L’organisation terroriste avait lancé des menaces contre les intérêts français dans l’Hexagone et dans la région, ce qui avait finalement conduit le chef de l’antiterrorisme français, Bernard Squarcini, à s’exprimer. Et les ambassades françaises étaient sur le pied de guerre. Malgré toutes les précautions prises n’ont visiblement pas été suffisantes.
Au Niger, troisième producteur mondial d’uranium, Areva emploie 2 500 personnes, dont une centaine d’expatriés, en majorité français. L’entreprise espère mettre en service à la fin de 2013 l’immense mine d’Imouraren (Nord).
Lire notre dossier « Al-Qaïda : objectif Afrique » dans le n°2592 de Jeune Afrique, en kiosques jusqu’au 18 septembre.
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