Deux enquêtes sur Carla Bruni, réalisées par des journalistes, sortent en librairie cette semaine. Au portrait pour le moins peu flatteur de la première dame dressé par Besma Lahouri (Carla, une vie secrète, Flammarion, 300 p., 19,90 euros), répond la biographie « autorisée » de Michaël Darmon et Yves Derai (Carla et les ambitieux,  Éditions du moment, 166 p., 16,50 euros). La parution de ce dernier ouvrage (16 septembre), juste après le premier, laisse peu de doute sur la mission de « neutralisation » qui lui a été assignée par l’Élysée.

Mais au-delà du portrait très consensuel réalisé par Darmon et Derai, ceux-ci nous livrent ce qui est vraisemblablement la version cautionnée par Carla Bruni de ses relations récentes avec la mairesse du 7e arrondissement de Paris et députée européenne, Rachida Dati. Une période marquée par l’épisode du « rumeursgate », comme l’appellent les deux journalistes.

Carla, une vie secrète, de Besma Lahouri (Flammarion, 300 p., 19,90 euros)

« Gourou des stars »

Dans l’entre deux-tours des régionales de mars 2010, on s’en souvient, des rumeurs sur l’infidélité du couple présidentiel se répandent dans la presse internationale. Frédéric Péchenard, directeur de la police générale et ami de longue date de Nicolas Sarkozy, est chargé d’enquêter par l’Élysée sur le sujet.

Il met rapidement la main sur une sorte de « gourou des stars » de l’Ouest parisien, spécialiste en conseils privés, magie ou « voyance » pour des personnalités fortunées. Rachida Dati et Sophie Douzal, l’ex-femme de François Sarkozy, le frère cadet de Nicolas, font partie de ses plus assidues fréquentations. Derai et Darmon écrivent : « “Il [le mage, NDLR] s’est comporté en véritable « indic »”, se souvient un conseiller proche de l’Élysée. […] Il a tout balancé aux flics. » Des informations qui, si elles sont vraies, ne manqueraient pas de passionner Machiavel en personne…

Ramener Cécilia à l’Élysée

Rachida et sa « consœur » auraient tenté de constituer une « Firme en talons aiguilles », sur le modèle masculin de la « Firme » ultra-sarkozyste de l’entourage présidentiel – Brice Hortefeux, Franck Louvrier, Laurent Solly, Pierre Charon et Frédéric Lefèbvre – qui a justement réussi à éjecter Dati du ministère de la Justice.

Le rêve de cette dernière, selon les enquêteurs, serait de ramener Cécilia Attias, l’ex-épouse de Sarkozy à l’Élysée. Dans l’espoir, bien-sûr, de « revenir dans ses bagages » au gouvernement… D’où les ragots que les deux femmes auraient répandus sur l’infidélité des Sarkozy et sur « l’ennui » dont serait victime Cécilia, son mari n’étant « jamais là »…

Colporter des rumeurs ? « Elles ne font que ça toute la journée, c’est même leur principale occupation », accuse devant les journalistes l’un des patrons de la police française, sous couvert de l’anonymat.

Carla et les ambitieux, de Michaël Darmon et Yves Derai (Éditions du moment, 166 p., 16,50 euros)

Dossier de police

Le dossier de police en mains, la première dame voit rouge. Et déverse d’abord sa colère sur Sophie Douzal, qui nie tout en bloc. « Sache que tu mens comme tu respires », lui rétorque alors Carla Bruni-Sarkozy, verte de rage. Puis elle appelle Cécilia pour la mettre en garde contre les manœuvres du tandem Dati-Douzal.

« Cécilia, je ne vous informe pas de soupçons ou de ragots. J’ai un dossier de police que je tiens à votre disposition et qui montre que ces deux femmes complotent contre nous et donc, de fait, contre la présidence. […] Je sais que vous n’avez rien à voir avec elles. […] Mais je vous recommande de vous tenir à l’écart », dit Carla Bruni-Sarkozy, selon les journalistes.

La suite est connue : de la posture de comploteuse que Pierre Charon, le conseiller en communication de l’Élysée, veut lui faire endosser dans les médias, Rachida Dati renverse la vapeur et arrive à se poser en victime d’une cabale aux relents racistes… Ce qui explique que l’affaire se terminera par un rétropédalage spectaculaire du clan élyséen. Et Carla est obligée de désavouer l’enquête policière, le même jour qu’elle est révélée par le quotidien Le Monde. « On ne fait pas une enquête sur des commérages… C’est inimaginable de dire des choses pareilles. »