Le second tour reporté, Konaté appelle Compaoré à la rescousse

Le nouveau report du second tour de la présidentielle montre le peu d’emprise que le chef de la transition possède sur le processus électoral. Pour réagir, et faciliter la tenue du scrutin, il en appelle donc officiellement au médiateur de la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré.

Affiche de campagne de Cellou Dalein Diallo, candidat qui proteste contre le report du second tour. © AFP

Affiche de campagne de Cellou Dalein Diallo, candidat qui proteste contre le report du second tour. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 16 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Le chef de l’État par intérim aurait-il perdu la main ? Quoi qu’il en soit, loué pour son loyalisme mais cririqué pour sa passivité, Sékouba Konaté paraît tout de même bien dépassé par les événements. D’abord, malgré son désir d’en finir au plus vite avec l’élection présidentielle, il s’en est facilement remis à l’avis « des uns et des autres », selon le secrétaire général de la présidence, Tibou Kamara.

Le second tour a donc été reporté hier soir, la Commission électorale nationale indépendane (Ceni) reconnaissant qu’il lui faudrait encore au moins deux semaines pour être totalement opérationnelle. La date du scrutin est repoussée à une date inconnue qui sera fixée par le gouvernement dirigé par Jean-Marie Doré pour être ensuite approuvée par Konaté.

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« Appeler les militants au calme »

Le général essaie donc de redresser la barre, alors que de nouvelles violences sont redoutées. Mais il est visiblement bien seul, d’où l’idée d’en appeler une nouvelle fois au voisin burkinabè. « La situation nouvelle interpelle tous les acteurs de la transition qui doivent se retrouver sans délai autour du médiateur pour tirer toutes les conséquences du report », a-t-il déclaré dans une déclaration solennelle à la radio-télévision guinéenne.

« (…) Il y a sans doute des obstacles à venir, des erreurs d’appréciation dont il faudrait maintenant tenir compte pour couronner nos efforts et éviter à la Guinée de tomber dans une grave crise politique et sociale », a-t-il ajouté, non sans conclure : « Je constate avec un grand regret (…) que notre pays va vers l’impasse. »

Le sort de la Guinée paraît échapper complètement à la volonté de son chef, qui en est conscient. Il appelle ainsi les deux candidats finalistes Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo à « user de tout leur poids et de toute leur autorité pour appeler leurs militants au calme pour un bon déroulement de la transition ». Car ce sont « en partie eux, a-t-il affirmé, qui ont désormais la responsabilité de notre destin ».

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Le Guinéen Alpha Condé (à dr.), candidat à l’élection présidentielle, et Lassana Kouyate (à g.), ancien Premier ministre, le 15 septembre 2010 à Conakry.

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© AFP

Retard prévisible

« La Guinée n’a plus droit à l’erreur et ne peut plus perdre de temps », a encore dit le général Konaté, qui a fustigé « les spéculations politiques et les querelles électorales » qui « ont gagné les sphères de l’État (…) et des institutions qui n’arrivent plus à jouer pleinement leur rôle », sans plus de précision.

La stabilité de la Guinée passe aussi par la résolution de problèmes de logitique électorale. Le report est en effet en partie motivé par l’attente de quelque 465 000 nouvelles cartes d’électeurs numérisées venant d’Afrique du Sud, dont l’arrivée à Conakry n’est prévue que « dans la nuit de dimanche à lundi ». Puis elles devront ensuite être distribuées dans les régions.

Le retard était donc bien prévisible… mais il indispose au plus haut point le camp de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, qui y voit un moyen pour le camp adverse de mieux préparer la fraude. L’UFDG a ainsi appelé mardi le Premier ministre Doré à la démission, le jugeant partisan d’Alpha Condé (Rassemblement pour la Guinée, RPG).

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