À la mémoire des années de plomb

Le gouvernement marocain vient de décider de transformer d’anciens centres de détention secrets du règne de Hassan II en lieux de mémoire et de recueillement.

La petite caserne de Kelâat Megouna a servi de centre de détention arbitraire à partir de 1980. © CCDH

La petite caserne de Kelâat Megouna a servi de centre de détention arbitraire à partir de 1980. © CCDH

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 15 septembre 2010 Lecture : 1 minute.

Garder le silence sur les maux de l’histoire n’a jamais permis de les panser. Fort de cette vérité, le Maroc vient de prendre une décision courageuse en décidant de restaurer d’anciens centres de détention secrets (mais souvent tristement célèbres) de l’ère Hassan II, qui dirigea le Maroc de 1961 à sa mort en 1999, pour les transformer en lieux de mémoire et en complexes culturels.

Selon la convention signée mercredi entre le ministère marocain de la Culture et le Conseil consultatif des droits de l’homme (CCDH, officiel), les anciens centres de détention de Casablanca (Derb Moulay Cherif), de Ouarzazate (Kasbah de Sekkoura), de Agdz, ou de Kelâat Megouna, notamment, doivent être transformés en « espaces de préservation et de réhabilitation de la mémoire ».

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Processus de réconciliation

Outre la transformation de ces centres de détention, souvent localisés dans le sud du royaume, la convention prévoit la mise en place de l’institution « Archives du Maroc » et une stratégie de préservation des archives marocaines.

Selon un responsable du ministère de la culture, ce programme est aidé par un programme de cinq ans récemment accordé par l’UE. Doté de plus de cinq millions d’euros, celui-ci vise « l’encouragement du processus de réconciliation du Maroc avec son passé ». Un passé souvent torturé et douloureux, personifié entre autres par Driss Basri, l’ancien ministre marocain de l’Intérieur pendant plus de vingt ans.

Depuis 2004, plusieurs victimes des « années de plomb » du règne de Hassan II ont été indemnisées à l’issue d’un travail méritoire de l’Instance équité et réconciliation (IER). Mais les victimes et leurs familles attendent toujours que les tortionnaires soient nommés et jugés.
 

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