Attentat contre Habyarimana : minutieuse enquête des juges français à Kigali

Les juges d’instruction français arrivés à Kigali samedi multiplient auditions de témoin et visites sur le terrain pour tenter de vérifier les témoignages dans l’enquête sur l’attentat qui avait coûté la vie au président Juvénal Habyarimana et marqué le début du génocide de 1994.

Épave du Falcon 50 du président Habyarimana, abattu le 6 avril 1994. © Gamma

Épave du Falcon 50 du président Habyarimana, abattu le 6 avril 1994. © Gamma

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 14 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Marc Trévidic et Nathalie Poux semblent tout reprendre de zéro. Ces juges d’instruction français, qui avaient hérité de l’enquête hautement sensible sur l’attentat qui avait coûté la vie aux présidents rwandais et burundais en 1994, multiplient les vérifications depuis leur arrivée à Kigali vendredi.

Cette enquête était à l’origine de la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali en 2006. Le juge antiterroriste d’alors, Jean-Louis Bruguière, avait conclu à la responsabilité du Front patriotique rwandais (FPR, la rébellion tutsie alors menée par l’actuel président Paul Kagamé) dans l’attentat contre l’avion des présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira. Cet attentat avait marqué le début du génocide de 1994. Jean-Louis Bruguière, compétent dans cette affaire du fait de la nationalité française de l’équipage, avait émis des mandats d’arrêt contre des proches de Paul Kagamé.

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L’enquête rwandaise rendait quant à elle les extrémistes du « Hutu Power » responsables de l’attentat, qui aurait voulu se débarrasser de leur chef de l’État, jugé trop timoré.

Massaka ou Kanombe

Ces conclusions s’appuient sur deux thèses différentes concernant l’origine des missiles SAM-16 qui ont abattu l’appareil. D’après l’enquête française, un commando des FPR se serait infiltré jusque sur la colline de Massaka, qui surplombe l’aéroport à l’est de la piste, pour tirer deux missiles.

A contrario, selon l’enquête rwandaise, les missiles ont été tirés depuis le camp militaire de Kanombe, à l’époque aux mains de l’armée régulière, jouxtant l’aéroport et l’ancienne résidence présidentielle, où il est « impossible d’imaginer » que le FPR ait pu s’infiltrer.

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Les juges d’instruction français, dont la venue a été autorisée par Kigali après le rétablissement des relations diplomatiques avec la France, se sont entourés de cinq experts géomètres, en balistique, explosifs et incendie pour tenter de déterminer l’origine des tirs. Les enquêteurs sont allés à l’aéroport pour vérifier la visibilité depuis la tour de contrôle ou encore sur le site de l’ex-présidence. Ils devaient se rendre sur les lieux du crash lundi après-midi.

Ces vérifications doivent permettre de vérifier les dépositions d’une vingtaine de témoins « essentiels » présentes dans le dossier.

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D’après l’ambassade de France au Rwanda, les conclusions de cette expertise ne devraient pas être connues avant « plusieurs semaines d’exploitation, en France ». (avec AFP)
 

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