Les tergiversations du pasteur Terry Jones

Le pasteur Terry Jones souffle le froid et le chaud. Après avoir décidé de suspendre son projet de « Koran Burning Day » du 11 septembre, il menace désormais de faire volte-face, s’estimant trompé par un imam qui lui aurait promis de faire déplacer le projet de la mosquée à Ground Zero.

Le pasteur Terry Jones, chef du « Dove World Outreach Center », le 9 septembre 2010 à Gainesville. © AFP

Le pasteur Terry Jones, chef du « Dove World Outreach Center », le 9 septembre 2010 à Gainesville. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 10 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Brûlera, brûlera pas ? Le monde est suspendu aux moustaches du pasteur baptiste Terry Jones, un fanatique américain de Floride qui a décidé – dans une sorte d’autodafé d’essence purement païenne – de brûler samedi 200 exemplaires du Coran pour « glorifier » les victimes des attentats du 11 septembre 2001.

Alors que le projet est dénoncé dans le monde entier comme une incitation à la violence et à la haine (la liste des pays s’étant exprimé est impressionnante), « Calamity Jones », comme on le surnommerait presque, a fait mine de se rétracter avant de menacer, quelques heures plus tard, de faire machine arrière.

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Le chef du Pentagone au bout du fil

Il avait expliqué avoir renoncé à son initiative en échange de la promesse que le projet de construction d’une mosquée près de Ground Zero à New York serait suspendu et déplacé. Une décision qui avait été accueillie avec un grand soulagement par les autorités américaines qui redoutaient une flambée de violence, notamment contre les soldats américains en Afghanistan.

Il s’agit d’« un geste destructeur », avait averti gravement le président américain Barack Obama, soulignant que cela constituait « une aubaine pour le recrutement d’Al-Qaïda ». Et le chef du Pentagone en personne, Robert Gates, a appelé Jones jeudi après-midi pour le convaincre d’annuler ses plans.

Quant à l’organisation de coopération policière Interpol, elle a lancé une alerte à ses 188 pays membres, les mettant en garde contre des « attaques violentes visant des innocents » si le « Koran Burning Day » était mené à terme.

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Le pasteur Terry Jones et l’imam de Floride Muhammad Musri, le 9 septembre 2010 à Gainesville.

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© AFP

"Décus et choqués"

L’on croyait que tous ces avertissements de bon sens avait finalement fini par porter leur fruits. Que nenni ! « Nous pourrions être obligés de revoir notre position », a déclaré peu après, à la surprise générale, Terry Jones, chef du très mal nommé groupe chrétien « Dove World Outreach Center » (« Centre colombe pour aider le monde ») de Gainesville (Floride).

Explication : il avait affirmé avoir obtenu l’assurance par un imam d’Orlando (Floride) agissant en tant qu’intermédiaire, Mohammed Musri, que son confrère Faisal Abdul Rauf, à l’origine du projet de mosquée à Manhattan, était prêt à un accord et le rencontrerait samedi à New York pour en discuter. Mais les responsables du projet de mosquée ont aussitôt démenti cette version et l’imam Rauf a rejeté tout « marchandage » avec le pasteur.

« Nous mettons les choses entre parenthèses pour l’instant, car nous sommes vraiment déçus et choqués, car si [la position de l’imam Rauf] est vraie, il [Musri] nous a clairement menti », a déclaré le pasteur après avoir eu connaissance de ce démenti. « Nous avons annulé [l’autodafé] en nous appuyant sur sa parole. Et maintenant, je crois comprendre qu’il affirme partout qu’il n’a jamais dit cela », a conclu le pasteur. Qui aime décidément faire parler de lui.

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