La fièvre des SMS fait trembler Maputo

Les messages sur téléphone mobile ont été utilisés avec une ampleur inédite dans la capitale mozambicaine lors des manifestations contre la vie chère.

Un homme envoie un texto de son téléphone portable, lors des émeutes contre la vie chère. © AFP

Un homme envoie un texto de son téléphone portable, lors des émeutes contre la vie chère. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 7 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« Mozambicain : prépare-toi pour le grand jour de grève. Manifeste contre la hausse des prix de l’électricité, de l’eau, des transports et du pain. Fais suivre ce message.»

C’est le texto qu’ont reçu des milliers de Mozambicains quelques heures avant le début des émeutes de mercredi. Le gouvernement venait d’annoncer une nouvelle hausse du prix du pain, consécutive à plusieurs augmentations du coût du pétrole, de l’eau et de l’électricité.

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S’en est suivi trois jours d’émeutes réprimées par des tirs à balles réelles des forces de l’ordre faisant treize morts selon un dernier bilan officiel.

Contrairement aux autres moyens de communication, les messages de téléphone portable peuvent être envoyés à un très grand nombre de personnes quasi instantanément et sont accessibles en permanence.

Traînée de poudre

Pour le militant Joao Pereira, directeur du Mécanisme de soutien à la société civile du Mozambique, c’est surtout l’accès de cet outil aux plus pauvres qui change la donne. Les pauvres « ne sont jamais représentés, ils constituent le groupe qui vote le moins », souligne-t-il. Le téléphone portable « est pour eux une source d’émancipation. C’est un moyen d’augmenter la participation des populations les plus marginalisées ».

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Un quart des Mozambicains (sur une population de 20 millions d’habitants) sont équipés de téléphones portables, mais ce chiffre connait une croissance de 50 % par an depuis 2004 selon l’Union internationale pour les télécommunications (UIT). Les possesseurs de GSM sont déjà deux fois plus nombreux que ceux reliés au réseau électrique.

D’autres textos étaient dirigés contre le président Armando Guebuza et son parti, le Front de libération du Mozambique (Frelimo) au pouvoir depuis l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise.

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Après un conseil de crise, le gouvernement avait appelé jeudi au calme mais répété que la hausse des prix était « irréversible ». Immédiatement de nouveaux textos ont vu le jour : « Mozambicains : le gouvernement semble s’être réuni juste pour prendre un café ou un verre de whiskey mais pas pour résoudre les problèmes du peuple », disait l’un d’eux. Plus sévère, un autre tranchait : « Guebuza est dans les vapes ! »
 

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