Rivalités de clocher aux dépens de la grande mosquée de Marseille
Les rivalités entre les dirigeants de l’association La grande mosquée de Marseille ne font pas avancer l’édification du lieu de culte. D’ailleurs, les autorités algériennes ont décidé de suspendre leur contribution à la construction de la mosquée.
Que se passe-t-il au sein de l’association La grande mosquée de Marseille ? Celle-ci est apparemment l’objet de sourdes rivalités qui viennent d’avoir un effet pour le moins inattendu. L’Algérie « a décidé de suspendre une contribution envisagée à la construction de la grande mosquée de Marseille », a déclaré Halim Benatallah, secrétaire d’État algérien à la communauté nationale à l’étranger, lors d’une conférence de presse le 2 septembre.
« L’Algérie soutient fortement le projet de la mosquée dans son principe » mais nous « espérons une gestions plus consensuelle », a souligné Benatallah qui effectue une visite en France, principalement consacrée aux questions du culte.
« La décision prise va dans le sens souhaité par notre communauté sur place », a-t-il encore précisé, en faisant référence aux récentes interventions du collectif des associations algériennes et franco-algériennes de Marseille.
Celui-ci s’est d’ailleurs réjouit de la décision algérienne, déclarant que « le travail de lobbying en direction de l’Algérie a porté ses fruits ». En cause, la présidence de l’association La grande mosquée de Marseille, qui a échappé au sortant Nourredine Cheikh, un ancien entrepreneur de boucherie halal d’origine algérienne.
Putsch interne
C’est l’ancien secrétaire général de l’association et actuel vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM), l’imam Abdherramane Ghoul qui a été élu. Mais ses adversaires ont dénoncé un complot et un putsch interne orchestré par une élue PS au conseil régional.
« J’ai fait un déplacement en Algérie et j’ai eu un son de cloche complètement différent », a réagi Ghoul, lui aussi entrepreneur d’origine algérienne. « Mon pays compte donner sa part au projet, il ne remet rien en cause, j’ai une confiance totale », a-t-il assuré.
« Les élections au sein de l’association se sont déroulées de façon démocratique », selon lui. « Ce qu’on demande à l’Algérie, comme aux autres pays, c’est de participer sans condition, et pas de gérer. »
Une ligne de conduite qui avait d’ailleurs été fixée par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Mais la réalité semble plus complexe, le rôle de la mairie étant parfois qualifié d’ambigü. Car l’ancien président de l’association, Nourredine Cheikh, est considéré comme proche de l’édile, alors que Ghoul, lui, est plus connu pour sa proximité avec l’ancien grand Mufti de Marseille, Soheib Bencheikh. Lequel ne mâche pas ses mots à l’encontre de Gaudin, qu’il suspecte même de manœuvrer en coulisses pour retarder le plus possible la construction de la mosquée, dont la première pierre symbolique a été posée le 20 mai.
Confusion à Alger
Le chantier doit réellement débuter en février 2011, pour un coût de 22 millions d’euros. Selon Ghoul, l’association a reçu pour l’heure 310 000 euros et l’engagement de cinq pays, aucun n’ayant encore précisé le montant de son enveloppe, qui ne peut dépasser 30 % du total. L’Algérie, elle, a déjà contribué au financement des études à hauteur de 160 000 euros.
En attendant, il semble que du côté algérien aussi, les choses ne soient pas très claires. « J’avais reçu des assurances de la part de Abdelaziz Belkhadem, conseiller spécial du président Bouteflika a expliqué Abdherramane Ghoul au quotidien La Provence. Je vais demander audience à son excellence Halim Benatallah [le secrétaire d’État à la communauté nationale à l’étranger] pour lui expliquer le point de vue de l’association. »
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