Nicolas Sarkozy appelé au secours de la liberté de la presse

Le journaliste camerounais Robert Mintya, incarcéré depuis le mois de mars, a demandé à Nicolas Sarkozy d’œuvrer pour sa remise en liberté.

La presse indépendante se plaint souvent des pressions du pouvoir et de la justice. © D.R.

La presse indépendante se plaint souvent des pressions du pouvoir et de la justice. © D.R.

Publié le 1 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Robert Mintya, un journaliste camerounais emprisonné à Yaoundé depuis plus de six mois, joue sa dernière carte. Il a fait parvenir, lundi 30 août, une lettre à l’ambassade de France au Cameroun. Il y prie instamment le président français d’agir en sa faveur.

L’ancien directeur du journal Le Devoir – qui a cessé de paraître – écrit à Nicolas Sarkozy les lignes suivantes : « Nous vous prions de vous impliquer davantage, afin que justice nous soit rendue (dans le) respect des droits de la défense et en toute équité. »

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La lettre a été rédigée le 17 août, quelques jours avant l’hospitalisation de Robert Mintya. Il avait dû recevoir des soins après une agression survenue dans sa cellule la nuit du 8 août. Son courrier mentionne également de « graves troubles crâniens », à la suite de l’incident.

« Pronostic vital engagé »

« Nos multiples requêtes de mise en liberté provisoire ont tout simplement été rejetées sans raison valable », se plaint Robert Mintya, toujours en observation à l’hôpital central de Yaoundé près d’un mois après son agression.

En attendant la réaction du président français, c’est Reporter sans frontières (RSF) qui est monté au créneau, en diffusant mardi un communiqué dans lequel l’organisation s’inquiète de l’état de santé du journaliste. Elle estime même que « son pronostic vital est engagé ». Selon RSF, Robert Mintya a reçu « une bourse d’assistance » dont le montant n’a pas été révélé, « pour qu’il puisse consulter un spécialiste et évaluer les soins dont il a besoin ».

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Contrefaçon

Robert Mintya a été emprisonné le 10 mars, après une inculpation pour « faux et usage de faux ». Il a été le compagnon de cellule de « Bibi » Ngota (Ngota Ngota Germain), un confrère qui dirigeait l’hebdomadaire privé Cameroun Express. Ce dernier est décédé en détention le 22 avril. Serge Sabouang, un troisième journaliste, a été arrêté en même temps qu’eux. Les trois hommes ont été accusés d’avoir imité la signature du secrétaire général de la présidence, Laurent Esso. Les faits – que nient les journalistes – ont été requalifiés en « coaction de contrefaçon de signature, de marques et imprimés ».
 
La situation des journalistes indépendants au Cameroun est régulièrement dénoncée, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le journaliste Pius Njawé notamment, directeur de publication du quotidien Le Messager – décédé d’un accident de la route il y a quelques semaines – avait longtemps combattu ces abus en se mobilisant en faveur de la liberté de la presse. À la mort de Bibi Ngota, il s’était indigné du sort des journalistes camerounais indépendants du pouvoir.

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Lire notre reportage "Cameroun : la justice vue de l’intérieur", dans Jeune Afrique n° 2590, en kiosques jusqu’au 4 septembre.

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