Le clan Gnassingbé nettoie à sec la presse privée

Les procès en diffamation menés par le pouvoir contre la presse togolaise se multiplient. Mercredi 25 août, plusieurs publications ont comparu devant la justice togolaise. Certains journalistes dénoncent des « procès politiques » destinés à assécher les ressources des médias indépendants.

Certains journalistes accusent la justice togolaise d’être instrumentalisée par le pouvoir. © Jean-Claude Abalo, à Lomé.

Certains journalistes accusent la justice togolaise d’être instrumentalisée par le pouvoir. © Jean-Claude Abalo, à Lomé.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 26 août 2010 Lecture : 2 minutes.

La famille Gnassingbé passe à l’offensive. Et elle ne compte pas faire de cadeau à la presse togolaise. Premier à faire les frais de cette stratégie judiciaire : Tribune d’Afrique, une publication béninoise également distribuée au Togo, à laquelle Mey Gnassingbé, demi-frère cadet du président Faure Gnassingbé et chargé de mission à la présidence togolaise, demandait cent millions de F CFA de dédommagement.

En cause, l’article « Trafics de drogues au sommet de l’État, le Togo dans le réseau, Mey Gnassingbé indexé », paru à la mi-juin 2010. Le tribunal a condamné le directeur du journal, Max Savi Carmel, à verser au plaignant 60 millions de Francs CFA au titre des dommages et intérêts, et au ministère public une amende de trois millions pour « diffamation » et « délit de publication de fausses nouvelles ». Le jugement fait également état de la suspension du journal, et du retrait sur le marché de « la publication qui dérange ».

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Mur de journaux dans un kiosque à Lomé.

Mur de journaux dans un kiosque à Lomé (crédit : Jean-Claude Abalo, pour J.A.)

« Une main politique »

« Nous sommes amers, traumatisés et scandalisés par le jugement car il est en totale inadéquation avec les réalités, a confié Max Savi Carmel, à jeuneafrique.com. Dans notre article, nous n’avons nullement affirmé que Mey Gnassingbé était trafiquant de drogue. Mais nous avons estimé qu’en tant qu’homme d’État, la presse nationale le citant sans cesse, et les rumeurs sur son arrestation persistant, il devait lever l’équivoque ». Visiblement abattu par la condamnation, le journaliste compte cependant interjeter appel de la décision du tribunal.

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« Le procès n’a duré que 15 minutes, reprend-il. C’est le procès le plus court au monde. On ne nous a pas permis de rassembler les éléments nécessaires à notre défense. On nous a juste posé quelques questions, et ça s’est arrêté là », déplore Max savi Carmel, qui pointe « une régression énorme des libertés fondamentales et de la liberté de presse au Togo (…). Je crois qu’il y a derrière ce procès une main politique, et une volonté de nous faire taire politiquement », accuse-t-il.

Histoire de femme

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Mais son affaire n’est pas isolée. De nombreux procès sont en cours, qui opposent des médias togolais à la famille Gnassingbé devant le tribunal de première instance Lomé. Ils concernent des publications telles que le Forum de Semaine, la Chronique de la Semaine, le Magnan Libéré, le Flambeau des démocrates, l’Œil d’Afrique…  Tous ces journaux sont accusés d’avoir diffamé la famille Gnassingbé, ou certains de ses proches.

Quant à l’hebdomadaire Indépendant Express de Carlos Komlanvi Ketohou, assigné en justice par Faure Gnassingbé pour « diffusion de fausses informations, diffamation et injures, et atteintes à l’honneur », il attend toujours son procès, qui a été reporté au 29 septembre prochain. Kétohou avait « révélé » qu’une histoire de femme impliquant le président et le joueur de football Emmanuel Adébayor (qui a aussi porté plainte), serait à l’origine de la retraite internationale de ce dernier.

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