Humour en série #6 : Delphine II

Le cinquantenaire des indépendances interpelle aussi les artistes. Pour célébrer l’événement à leur manière, des humoristes d’origine africaine ont proposé à jeuneafrique.com de petits sketches vidéo. Avant de s’exiler en Guinée, la truculente Delphine II s’est fondue dans la peau d’une ancienne expatriée française…

Delphine II, en août, à Paris. © jeuneafrique.com

Delphine II, en août, à Paris. © jeuneafrique.com

Publié le 25 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Indépendances : cha-cha ou blabla ?
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Regard pétillant et espiègle, fleur rougeoyante entre ses dreadlocks, Delphine Nyobé II a de quoi hérisser le poil de bien des adeptes du culte de l’identité nationale. « Je ne me suis jamais dit que j’étais française “de souche”, dit-elle. En revanche, je me suis toujours présentée comme 100 % guadeloupéenne, 100 % française et 100 % camerounaise ! »

Née dans le 18e arrondissement de Paris, où elle est retournée vivre il y a trois ans, cette métisse de 33 ans s’inspire de sa condition de femme noire et de son quartier natal, un vrai concentré d’Afrique, pour écrire ses poèmes, ses rôles et ses sketches – tous écrits en français. « Cette langue est juste magnifique. C’est avec elle que je parviens le plus à faire passer les émotions, même si je parle très bien l’anglais », explique-t-elle.

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Ses modèles artistiques sont à son image : ils ne laissent pas indifférents. En commençant par Maya Angelou, une poétesse, écrivaine, actrice et militante afro-américaine (auteure notamment de Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, 1969). Et puis il y a Dieudonné, un humoriste et comédien franco-camerounais controversé suite à un sketch et des propos qualifiés d’« antisémites ». « J’ai vraiment eu envie de faire du théâtre grâce à lui. Après, on pense ce qu’on veut de lui mais, sur scène, il reste le plus drôle. J’apprécie aussi qu’il arrive à passer du stand up à la comédie, en incarnant si bien un personnage qu’on en oublie sa couleur. »

« On ne fête pas le néocolonialisme »

Artiste par tempérament, Delphine II est également diplômée en sciences du langage et en Français Langue Etrangère. Est-ce pour cela qu’elle est si sensible à la rhétorique des autorités françaises ? « La France, tu l’aimes ou tu la quittes », avait déclaré le président Nicolas Sarkozy. Delphine II a choisi de plier bagages. Pour respirer, s’inspirer. Échapper quelques temps à cette France où « le climat s’est extrêmement durci pour les immigrés et leurs descendants », regrette-t-elle.

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Même si elle s’est plu auparavant au Maroc, au Sénégal et au Niger, elle a choisi comme destination la Guinée. Son départ est prévu « fin 2010, début 2011 ». Elle souhaite développer des projets culturels avec le collectif Nondi Slam. Mais aussi se remettre à la musique pour réaliser un album – et dépasser le stade de la simple maquette qu’elle avait enregistrée avec le rappeur congolais Passi.

En attendant, elle observe, circonspecte, le bal des célébrations du cinquantenaire des indépendances des pays africains. « J’ai constaté qu’il y a toujours ce rapport de dominant à dominé sur le continent, dit-elle avec indignation. Et, on ne fête pas le néocolonialisme ! »

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