Référendum constitutionnel : les dés sont déjà jetés

Le dépouillement n’est pas encore terminé mais le camp du « oui » au référendum constitutionnel crie déjà victoire, alors que les partisans du « non » ont reconnu leur échec.

À Nairobi, le 5 août 2010 au lendemain du vote favorable pour la nouvelle Constitution. © AFP

À Nairobi, le 5 août 2010 au lendemain du vote favorable pour la nouvelle Constitution. © AFP

Publié le 5 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Au lendemain d’un référendum portant sur l’adoption d’une nouvelle Constitution pour le Kenya, la tendance qui se dessine est très largement favorable aux partisans d’un nouveau texte. Le camp du « oui » a d’ailleurs revendiqué le succès, jeudi 5 août. « Notre victoire, qui sera bientôt confirmée par la Commission électorale indépendante intérimaire, est la victoire de tous les Kenyans », a déclaré Kiraitu Murungi, ministre de l’Énergie et l’un des principaux leaders en faveur du « oui ». Il a qualifié ce vote d’une véritable « renaissance » pour le pays, alors que le dépouillement des bulletins était toujours en cours.

Le numéro un du camp du « non », le ministre de l’Enseignement supérieur William Ruto, a reconnu la défaite : « nous avons accepté le verdict de la majorité au référendum (…) », a-t-il déclaré à la presse, proposant cependant « un mécanisme de consultation pour déterminer comment les sujets de contentieux dans la Constitution peuvent être amendés ».

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5,2 millions de « oui »

Plus de la moitié des 12,4 millions bulletins ont déjà été dépouillés. Sur les 7,5 millions de bulletins déjà examinés, 5,2 millions sont favorables à la nouvelle Constitution, tandis que 2,3 millions de voix vont au « non ». Avec 12,4 millions d’électeurs enregistrés et un taux de participation évalué à environ 70 %, la majorité absolue pour ce scrutin se situe aux alentours de 4,3 millions des suffrages exprimés.

La nouvelle Constitution était défendue au sommet de l’État, le président Mwai Kibaki et son Premier ministre Raila Odinga ayant chacun milité en sa faveur. Selon eux, un nouveau texte fondamental permettrait de renforcer la démocratie au cœur même des institutions du pays et d’engager une réforme foncière, point de rupture crucial au Kenya.

De son côté, la Commission électorale a poursuivi son travail de dépouillement sans proclamer aucun  résultat. Le président de cette institution, Issack Hassan, a appelé les Kenyans « à la patience » et les camps hostiles à la tenue de ce référendum « à respecter l’autorité de la commission ».

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Premier ministre en sursis

Aucun incident n’a été relevé jusqu’ici. Le vote s’est déroulé dans le calme, apportant un véritable contraste avec la dernière consultation populaire qui s’était tenue dans le pays en 2007. À l’époque, les élections générales puis la réélection vivement contestée de Mwai Kibaki, le 27 décembre 2007, avaient entraîné une flambée de violences meurtrières à travers tout le pays, sur fond de rivalités ethniques. Les affrontements avaient fait 1 500 morts.

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Cette période de troubles s’était soldée par la formation d’un gouvernement d’union, le principal opposant à Mwai Kibaki, Raila Odinga, devenant Premier ministre de consensus.

La relation entre les deux hommes n’a pas toujours été au beau fixe, et la place d’Odinga est potentiellement menacée aujourd’hui, puisque la nouvelle Constitution, qu’il a soutenue, prévoit notamment la suppression du poste de Premier ministre. Il devrait néanmoins rester en place jusqu’à l’entrée en vigueur du texte, à la fin des élections générales de 2012.

Après cela, l’application de la nouvelle Constitution visera à enraciner les pratiques démocratiques, en créant une chambre haute du Parlement (Sénat) et en renforçant les attributions de l’Assemblée nationale pour contrebalancer le pouvoir du président.

 

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