Le BlackBerry banni pour des raisons de sécurité

Les négociations entre, d’un côté, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et, de l’autre, la société fabricant le BlackBerry sont au point mort. Les deux gouvernements ont annoncé que plusieurs services du smartphone, dont la messagerie électronique, seront interdits pour des raisons de sécurité. Et semble-t-il aussi, de morale publique.

Le BlackBerry, trop ou pas assez performant ? © REUTERS/Mosab Omar

Le BlackBerry, trop ou pas assez performant ? © REUTERS/Mosab Omar

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Le BlackBerry blacklisté ? Pas tout à fait, mais presque… La décision annoncée mardi dernier par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de suspendre les services de messagerie du smartphone canadien (même en « roaming », c’est-à-dire à l’étranger) devraient avoir de sérieuses répercussions économiques.

Dans ces deux pays, dont le premier appliquera sa décision dès ce vendredi et le second à partir du 11 octobre, ce sont respectivement quelque 700 000 et 500 000 abonnés qui devraient être amenés à renoncer à leur téléphone portable. Certains opérateurs commencent déjà à proposer à leurs clients un téléphone de substitution gratuit.

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Méfiance des États

En cause : les données cryptées (e-mails, paquets internet) fournies par le fabricant du Blackberry, la société canadienne Research In Motion (RIM). En théorie, les gouvernements, comme les concurrents économiques, ne peuvent avoir accès à ces informations stockées sur des serveurs au Canada et en Grande-Bretagne. Une assurance de confidentialité qui a fait la réputation du BlackBerry pour de nombreux utilisateurs, notamment des hommes d’affaires. Mais, au niveau des États, la méfiance règne.

Craignant que les services de renseignement américains ne puissent accéder à des données sensibles par le piratage des serveurs de RIM, le gouvernement français avait décidé en 2007 d’interdire ces téléphones aux ministres et hauts fonctionnaires. Et la Commission européenne a rejeté, mercredi dernier, l’utilisation des BlackBerry pour des motifs similaires…

Contourner la censure d’internet

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Dans chaque pays (175 au total), où RIM est implanté, les exigences de sécurité diffèrent fortement. Une gageure pour le fabricant canadien. Aux Émirats, on craint que les terminaux cryptés puissent être utilisés à des fins criminelles. En Arabie Saoudite, le BlackBerry est un moyen pratique de dialoguer en évitant les écoutes et, surtout, de contourner la censure d’internet.

Face aux nombreuses pressions des gouvernements, RIM aurait déjà cédé à de multiples reprises. En Inde, les données seraient accessibles aux autorités pendant deux semaines. Au Koweït, le fabricant aurait accepté de bloquer l’accès à 3 000 sites pornographiques… Des compromis présumés – RIM les nient farouchement – qui nuisent à la réputation du smartphone.

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L’Arabie saoudite a toutefois expliqué que les possibilités de discuter restaient ouvertes. Avec plus de 1,2 million d’abonnés, le nombre d’utilisateurs du BlackBerry dans la péninsule arabique est plus élevé qu’en Inde, où l’on en compte un million. Reste à savoir si cela suffira à faire plier RIM… En toute discrétion, bien-sûr.
 

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