Michel Germaneau était « condamné » selon Paris
François Fillon a estimé que Michel Germaneau était peut-être déjà mort lors de l’envoi par Aqmi d’un ultimatum à la France, le 12 juillet dernier.
Mis à jour mardi 27 juillet à 11h15
Au cours d’une interview accordée mardi 27 juillet à Europe 1, le Premier ministre François Fillon est revenu sur l’exécution de l’otage Michel Germaneau, annoncée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dimanche soir. Selon lui, le sort du retraité de 78 ans était peut-être déjà scellé le 12 juillet dernier, lorsque Aqmi a fait parvenir aux autorités françaises un ultimatum mettant en jeu la vie de l’otage. « C’est en raison du caractère anormal, étrange de cet ultimatum, et de ce refus d’engager la discussion avec les autorités françaises, que nous pouvons penser que Michel Germaneau était déjà mort à ce moment-là. Mais ce n’est qu’une supposition », a déclaré François Fillon.
En revanche, il estime peu probable que Michel Germaneau ait été décapité, comme l’avait pourtant affirmé lundi un élu du nord du Mali, proche du dossier. Le Premier ministre français a par ailleurs réaffirmé que l’otage était bien mort, même si sa dépouille n’a pas été retrouvée. L’Elysée a confirmé le décès de Michel Germaneau lundi.
La confirmation par l’Élysée de la mort de l’otage français, s’est fondée sur un message sonore diffusé la veille par la chaîne Al-Jazira. La France a authentifié la revendication de l’exécution par l’émir d’Aqmi, affirme une source au ministère de la Défense.
Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, déclarait avoir fait exécuter l’otage français pour « venger » la mort de sept combattants d’Aqmi tués lors d’un raid franco-mauritanien jeudi dernier. « Sarkozy a échoué à libérer son compatriote par cette opération mais il a sans aucun doute ouvert pour lui, pour son peuple et pour son pays l’une des portes de l’enfer », précisait également le chef d’Aqmi.
"Assassinat de sang froid"
Plus tôt dans la journée, le président français s’est exprimé lors d’un discours retransmis à la télévision. Après avoir confirmé que Michel Germaneau avait bien été assassiné, il a fermement dénoncé cette exécution. « Je condamne cet acte barbare, odieux, qui vient de faire une victime innocente (…), qui consacrait son temps à aider les populations locales », a affirmé Nicolas Sarkozy, condamnant un « assassinat de sang froid ». « Sa mort illustre que nous avons affaire à des gens qui n’ont aucun respect de la vie humaine », a ajouté Nicolas Sarkozy.
À la fin de son discours, le président a indiqué que Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, allait se rendre dès ce lundi à Bamako (Mali), Nouakchott (Mauritanie) et Niamey (Niger) pour « examiner les mesures de sécurité à prendre » au sujet, principalement, des ressortissants français vivant dans cette région en proie aux attaques récurrentes d’Aqmi.
Crainte de représailles
La situation pourrait en effet se dégrader après non seulement la mort de Michel Germaneau, mais aussi après le raid des forces mauritaniennes soutenues par la France contre une base d’Aqmi vraisemblablement située au Mali.
« Ils [Aqmi, NDLR] ne manqueront pas d’effectuer des représailles contre la Mauritanie, ou du moins de le tenter », estime Mohamed Fall Ould Oumère, politologue mauritanien et directeur du journal La Tribune à Nouakchott. « Il faut redoubler de vigilance », ajoute-t-il, en soulignant qu’Aqmi « a énormément de moyens et des cellules en Mauritanie ».
Le groupe qui a exécuté Michel Germaneau avait déjà tué il y a treize mois un otage occidental, le Britannique Edwin Dyer.
Un autre groupe d’Aqmi retient toujours en otage les Espagnols Albert Vilalta et Roque Pascual, enlevés le 29 novembre 2009 en Mauritanie. Leur sort suscite moins d’inquiétude, car ils seraient entre les mains de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar, dont les motivations sont essentiellement financières, selon les experts mauritaniens interrogés.
L’UA condamne
Depuis l’annonce de l’exécution de Michel Germaneau, les condamnations affluent. Le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine, Ramtane Lamamra, a condamné de façon « très énergique » l’assassinat de l’otage français.
« Rien ne peut justifier l’exécution d’un otage, et certainement pas le refus de payer une rançon ni une opération légitime qu’un pays de la région peut conduire avec ses propres moyens et l’assistance d’une tierce partie », a-t-il déclaré, en marge du sommet de l’UA qui se déroule actuellement à Kampala (Ouganda).
(avec AFP)
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