Arrière-goûts d’un Mondial en terre africaine

La revue « Sport et Citoyenneté » a consacré un hors-série à la Coupe du monde en Afrique du Sud. Plusieurs personnalités, issues du monde politique, universitaire ou de la société civile sont intervenues pour évoquer l’après-Mondial ainsi que les retombées pour le pays organisateur et le continent.

Le Mondial a au moins permis à l’Afrique de donner une autre image d’elle-même. © Yasuyoshi Chiba/AFP

Le Mondial a au moins permis à l’Afrique de donner une autre image d’elle-même. © Yasuyoshi Chiba/AFP

Alexis Billebault

Publié le 22 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.

Depuis le dimanche 11 juillet, le football mondial a son nouveau roi. Il porte beau, incarne un certaine idée du football et est espagnol. Il  s’est dépêché de quitter la terre sud-africaine pour rejoindre la sienne, là où l’attendaient des millions de supporters de toujours et d’un jour pour fêter ce titre suprême. Le battu néerlandais, lui, est reparti, lesté de sa douleur intime et de toutes ces questions sur sa défaite, auxquelles il ne trouvera jamais de réponses satisfaisantes.

Tous les quatre ans, le rituel est le même. Et L’Afrique du Sud, comme les anciens pays hôtes et tous ceux qui lui succèderont, ne pourra pas se soustraire au bilan sportif et économique. Dans ce pays, où le Jabulani a causé des malheurs à beaucoup de gardiens de but, premier du continent à avoir (plutôt bien) organisé un évènement de cette ampleur, l’attente de retombées à plus ou moins long terme est aussi réelle que mesurée. Car le football ne peut pas tout.

la suite après cette publicité

« Le sport n’est certes pas là pour régler tous les maux de la société, toutefois c’est un formidable levier pour contribuer à accélérer le développement de l’Afrique », rappelle dans Sport et Citoyenneté Pierre Sané, sous-directeur général pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco. Pascal Boniface, le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris et grand amateur de football ne dit pas autre chose.

« Pour beaucoup, l’Afrique signifie guerres civiles interminables, corruption, mauvaise gestion, sous-développement, sous-alimentation, Sida, émigration continue, absence de démocratie, régime autoritaire et/ou héréditaire », énumère-t-il. « Certes, il serait illusoire de croire que la seule organisation de la Coupe du monde permettra au continent africain de décoller. (…) L’organisation de la Coupe du monde est un test. Si elle est réussie, c’est la crédibilité de l’Afrique du Sud, et, au-delà, du continent africain qui sera renforcée. »

Pas de miracles, mais des améliorations

D’un point de vue strictement sportif, l’Allemand Horst R. Schmidt, vice-président du comité d’organisation du Mondial 2006 envisage des retombées pour l’Afrique du Sud « en matière de développement et d’amélioration de la fédération (South African Football Association, Safa), des structures régionales, des ligues junior et senior… Les bénéfices financiers pourront participer à ce développement sur le long terme ».

la suite après cette publicité

Mais la Coupe du monde servira également les intérêts économiques « de pays limitrophes de l’Afrique du Sud, ne serait-ce qu’au niveau touristique », imagine Lassana Palenfo, président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa). Les experts s’attendent à une période de stabilité économique pour la nation Arc-en-Ciel, mais pas forcément de prospérité.

Et pour Raffaele Poli, de l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne (Issul, en Suisse), l’après-Coupe du monde devra accélérer les réformes sur l’exil des jeunes africains, dont certains sont les victimes de la cupidité d’agents véreux, agissant parfois avec la complicité de la famille du joueur. « Si les joueurs africains sont l’objet d’une aussi forte spéculation, c’est surtout à cause de l’absence d’alternatives et de possibilités de développement sur place. »

la suite après cette publicité

Les pays africains ont souvent tendance à concentrer leurs efforts sur les sélections nationales et à délaisser les équipes locales comme la formation des entraîneurs et des jeunes. « Il est urgent de concevoir de nouvelles formes de partenariats ayant comme objectif premier non pas le transfert de jeunes en Europe, mais la structuration du football en Afrique même. » Le sociologue lausannois milite pour une réduction « des inégalités économiques entre clubs et championnats ». Vaste programme…

 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’Afrique du Sud a fait taire la plupart des critiques. © D.R.

Afrique du Sud 1, Afropessimistes 0

Contenus partenaires