Heurts entre l’armée et un groupe rebelle à Birao

L’armée centrafricaine et un groupe rebelle s’affrontent depuis l’aube, dans les rues de Birao.

Un groupe rebelle,dont l’identité reste incertaine, affronte l’armée à Birao depuis l’aube. © AFP

Un groupe rebelle,dont l’identité reste incertaine, affronte l’armée à Birao depuis l’aube. © AFP

Publié le 19 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.

Article mis à jour lundi 19 juillet à 15h00

Un haut responsable militaire centrafricain a affirmé, lundi 19 juillet, que l’armée avait repoussé une attaque de rebelles contre la principale ville du nord de la Centrafrique, Birao. « Les forces armées centrafricaines contrôlent en ce moment la ville de Birao », a anonymement  déclaré cette source du haut commandement militaire à Bangui. Il n’a toujours pa pu faire état d’un bilan des victimes et a indiqué que l’armée continuait de sécuriser la ville.

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MLCJ ou CPJP ?

Selon le haut commandement, il ne s’agit pas d’une attaque de la CPJP, comme l’affirmaient pourtant des chefs militaires sur place, mais des dissidents d’un autre mouvement rebelle, le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ). Cette rébellion a signé des accords avec le gouvernement, mais certains mutins auraient voulu « protester contre le non paiement de leur prime globale d’alimentation par les autorités de Bangui. Ce mécontentement était dans l’air depuis quelques jours déjà », a ajouté le haut responsable. Les combattants démobilisés dans le cadre des accords de paix touchent une prime d’alimentation en attendant que le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion aille à son terme. La gestion et le paiement de ces primes a donné lieu à de nombreux différends.

À la suite de l’échec de l’attaque, les assaillants en fuite se seraient introduits au domicile du représentant sur place du parti présidentiel (Kwa Na Kwa) et auraient volé des documents avant d’être repoussés par l’armée.

Plus tôt dans la journée, les versions divergeaient entre les insurgés qui criaient victoire et l’armée centrafricaine qui niait la défaite. D’un côté, Abdoulaye Hissène, un chef militaire affirmant appartenir au groupe armé de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) indiquait que la rébellion avait pris la ville de Birao vers 04h30 du matin (03h30 GMT), et que le soulèvement était dirigé par le commandant des CPJP Issa Israël. De l’autre côté, les autorités militaires de Bangui confirmaient que des combats se déroulaient dans la capitale de la région de la Vakaga, non loin des frontières avec le Tchad et le Soudan, mais niaient avoir perdu la ville.

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L’armée n’avait alors pas encore pu identifier ses assaillants.

Théâtre d’attaques

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Aucune des deux parties en présence n’avait pu fournir de bilan des combats, mais ceux-ci ont eu lieu dans une ville-clé puisqu’elle abrite la base des Forces armées centrafricaines : 300 hommes de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat) ainsi que plusieurs antennes d’ONG venant en aide aux milliers de déplacés et réfugiés de cette région, située au sud du Darfour (Soudan).

Depuis 2007, Birao est ponctuellement le théâtre d’attaques opposant l’armée à des groupes rebelles. Cette même année, les forces armées centrafricaines – régulièrement pointées du doigt pour des exactions et des dérapages –  avaient laissé une ville pillée et en ruines après un affrontement sanglant avec des milices armées.
En 2009, les combats s’y sont succédé, mettant l’armée aux prises avec les combattants de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), le groupe rebelle qui sévit dans la région. Celui-ci a depuis signé des accords de paix avec le gouvernement. Joint par téléphone, un dirigeant de l’UFDR a confirmé que des combats se déroulaient à Birao mais n’a pu fournir de détails.

Enquête indépendante

La CPJP est un mouvement rebelle qui, lui, n’a pas signé les accords de paix en Centrafrique dans le cadre du processus de réconciliation nationale. Son principal dirigeant était l’ex-ministre Charles Massi qui a disparu. Ses proches affirment qu’il a été torturé à mort en janvier dans une prison centrafricaine, et l’ancien président Ange-Félix Patassé a récemment réclamé une enquête indépendante.

Charles Massi était aussi le président du Forum démocratique pour la modernité (Fodem). Le Fodem-Centrafrique a depuis intégré la majorité présidentielle de Françaois Bozizé, alors que le Fodem-France, auquel appartient le neveu de Charles Massi, Eric Neris-Massi, est lui en contact étroit avec la CPJP.  De nombreux accrochages meurtriers ont eu lieu entre la CPJP et l’armée depuis 2009, mais plutôt dans le secteur de Ndélé (250 km au sud-ouest de Birao).   (avec AFP)

 

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