Déjeuner des chefs d’État : la France aligne les pensions des anciens combattants
En préambule au déjeuner réunissant douze chefs d’État africains à l’Élysée, le président français a annoncé l’alignement des pensions de retraite des anciens combattants des anciennes colonies résidant à l’étranger sur celles de leurs homologues français.
« Il est des dettes qui ne s’éteignent jamais. C’est le cas de celle que la France a contractée auprès de vos pays. Vos fils ont versé leur sang pour libérer la France. »
C’est par ces quelques mots adressés aux douze chefs d’État présents à l’Élysée avant un déjeuner avec Nicolas Sarkozy, que le président français a voulu marquer une décision historique.
Tous les anciens combattants de l’armée française, qu’ils soient français ou étrangers, résidant dans l’Hexagone ou au sud de la méditerranée, verront leurs pensions alignées, a-t-il annoncé. La décision doit bénéficier à environ 30 000 personnes, d’après le secrétariat d’État aux Anciens Combattants. Elle avait été prise en Conseil des ministres le matin même a-t-il indiqué. Le projet de loi doit être déposé devant le Parlement pour « à la rentrée prochaine », d’après l’Élysée.
Biya, au nom des chefs d’État africains
Parlant au nom de ses « collègues » en tant que doyen des chefs d’État présents, le président camerounais Paul Biya, qui s’est exprimé après Nicolas Sarkozy, l’a « remercié personnellement » pour cette initiative. « Votre décision, Monsieur le président, sera unanimement saluée, non seulement par les intéressés, mais aussi par l’ensemble de nos opinions publiques », a ajouté Paul Biya.
Nicolas Sarkozy a dit sa joie de recevoir les chefs d’État de ces douze pays* (la Côte d’Ivoire était représentée par son ministre de la Défense, Michel Amani Nguessan, tandis qu’aucun Malgache n’était présent) pour « l’anniversaire d’un moment aussi fort de notre amitié ». Il faut « assumer le fait que notre passé commun a créé des liens indéfectibles, a-t-il martelé, assumer cette part de France qui subsiste dans notre langue commune, assumer cette part d’Afrique qui vit dans le cœur de très nombreux Français ».
« Nos leaders nationaux étaient de lointains héritiers de vos grands hommes des lumières », a déclaré, comme une confirmation, le président camerounais.
"Contresens"
Nicolas Sarkozy s’est aussi étonné de la polémique sur l’invitation aux armées africaines à défiler sur les Champs-Élysées pour la fête nationale française mercredi 14 juillet. Certains « ont cru y déceler l’expression d’une nostalgie coloniale ou encore la tentation pour la France de s’approprier la célébration de vos indépendances », a estimé Nicolas Sarkozy, « c’est un contresens absolu ».
Le président français a en outre annoncé le déblocage de 180 millions d’euros pour la formation de 150 000 jeunes Africains.
Les représentants des treize pays ont ensuite déjeuné en compagnie de Nicolas Sarkozy pendant un peu plus d’une heure (Paul Biya a pris place à sa droite et le Tchadien Idriss Déby Itno à sa gauche).
La décision d’aligner les pensions des anciens combattants était attendue depuis des décennies par les Africains concernés. Il aura donc fallu attendre une célébration, à Paris, à l’occasion du cinquantenaire des indépendances des ex-colonies françaises d’Afrique Subsaharienne, pour qu’elle soit prise.
Cet acte était inéluctable depuis que le Conseil constitutionnel avait censuré les dispositions législatives qui réservaient un sort différent aux résidents à l’étranger, selon qu’ils soient français ou étrangers. Le Conseil avait fixé au 1er janvier 2011 la date d’abrogation des articles de loi incriminés.
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* Boni Yayi, Blaise Compaoré, Paul Biya, François Bozizé, Denis Sassou Nguesso, Ali Bongo Ondimba, Amadou Toumani Touré, Mohamed Ould Abdelaziz, Salou Djibo, Abdoulaye Wade, Idriss Déby Itno et Faure Gnassingbé étaient présents.
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