Kouchner « choque » l’opposition
L’opposition mauritanienne accuse le chef de la diplomatie française d’avoir reconnu une « ingérence » dans le pays après le putsch de 2008. En cause, la « fierté » exprimée par Bernard Kouchner sur la gestion française des coups d’État en Mauritanie, au Niger et à Madagascar.
Kouchner, pris la main dans le sac ? C’est en tout cas ce que veut croire l’opposition mauritanienne. Cette dernière s’est vivement insurgée contre les propos du chef de la diplomatie française devant l’Assemblée nationale mardi.
Sous le feu des critiques après la sortie de l’ex-ambassadeur au Sénégal, Jean-Christophe Rufin, qui l’accuse d’avoir été « marginalisé » par le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant, Bernard Kouchner avait été pris à partie par l’opposition mauritanienne.
« Nous sommes fiers de ce que nous avons fait après les coups d’État en Mauritanie, au Niger ou à Madagascar » avait-il lancé dans sa réponse.
Diplomatie critiquée
Pour la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui ne pardonne pas la caution française au régime du général Mohamed Ould Abdel Aziz (auteur d’un coup d’État en août 2008, avant d’être élu président un an plus tard), il s’agit d’un aveu. « Ces propos tenus par le ministre français des Affaires étrangères devant le parlement de son pays nous ont particulièrement surpris – et choqués – (…) par la confirmation qu’ils apportent, si officiellement, de l’ingérence de la France dans les affaires intérieures de notre pays », écrit l’organisation dans un communiqué.
La COD se dit étonnée que la diplomatie française puisse « investir tout son crédit diplomatique et ses relations de grande nation pour légitimer chez nous, par un scrutin sur lequel planent de sérieux soupçons d’irrégularités, un général qui venait de renverser par la force des armes un régime démocratiquement élu ».
Impulsion élyséenne
En réalité, la France avait eu une position plus ambigüe. Le Quai d’Orsay avait, dans un premier temps, fermement condamné le renversement du président civil Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu quinze mois plus tôt, par le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Mais, notamment sous l’impulsion de l’Élysée, Paris avait rapidement repris contact avec le général putschiste. La France avait alors incité Mohamed Ould Abdel Aziz à organiser une élection présidentielle.
Ce fut chose faite en juillet 2009, avec la victoire, dès le premier tour, de Mohamed Ould Abdel Aziz. Malgré les critiques de l’opposition (selon qui le scrutin était entaché de fraudes), la France et plus largement la communauté internationale, avait reconnu cette élection.
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