Juppé et Védrine au secours du Quai d’Orsay
Deux anciens ministres français des Affaires étrangères s’insurgent contre « un affaiblissement sans précédent » de l’institution, dans une tribune du journal « Le Monde ». Selon eux, l’influence internationale de la France s’en trouve menacée.
![La part du ministère des Affaires étrangères dans le budget de l’État a baissé de 20 % en 25 an © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/07/07/007072010145840000000quai-dorsay.jpg)
La part du ministère des Affaires étrangères dans le budget de l’État a baissé de 20 % en 25 an © AFP
Après l’assaut en règle de l’ex-ambassadeur de France à Dakar, Jean-Christophe Rufin, le Quai d’Orsay s’est trouvé des défenseurs, et non des moindres.
Hubert Védrine (PS, opposition) et Alain Juppé (UMP, majorité), deux anciens titulaires du ministère, viennent en effet de s’inquiéter des « conséquences pour la France d’un affaiblissement sans précédent de ses réseaux diplomatiques et culturels », dans une tribune cosignée dans le quotidien Le Monde.
Le budget du ministère français des Affaires étrangères, rappellent-ils, « a déjà été amputé de plus de 20 % de ses moyens financiers ainsi qu’en personnels » au cours du dernier quart de siècle. Et la saignée devrait se poursuivre : le Quai d’Orsay va devoir « supprimer trois emplois sur quatre départs en retraite » d’ici à 2013, assurent-ils.
Le Quai d’Orsay semé par le Foreign Office
Deuxième réseau diplomatique du monde après celui des États-Unis, comme le ministère aime à le rappeler sur son site internet, cette administration est souvent considérée comme pléthorique. « Préjugés », rétorquent les anciens ministres : les effectifs du Foreign Office britannique seraient aujourd’hui supérieurs à ceux du Quai d’Orsay, tandis que ceux du « secrétariat d’État américain » augmentent de 4 % à 5 % par an. « Les pays émergents, pour leur part, construisent et consolident rapidement leur réseau : le Brésil, sous le président Lula, a ainsi ouvert une trentaine d’ambassades », ajoutent-ils.
Les deux hommes critiquent une « revue générale des politiques publiques [menée par le gouvernement actuel, NDLR] aveugle qui, souvent, supprime d’une façon rigide ce qu’il faudrait absolument garder ».
La conséquence est, selon eux, dramatique : « L’instrument est sur le point d’être cassé, cela se voit dans le monde entier. Tous nos partenaires s’en rendent compte. »
Si Bernard Kouchner, l’actuel hôte du Quai d’Orsay, a nié tout affaiblissement de son ministère face à l’Élysée, il lui sera sans doute plus difficile de contester la réalité des chiffres.
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