Des cérémonies marquées par le faste et la désunion
Ce 30 juin, la RD Congo célèbre le cinquantenaire de son indépendance avec de nombreux invités. Mais les violations répétées des droits de l’homme dans le pays donnent un goût amer à la fête et incitent le principal parti d’opposition, le MLC, à boycotter les commémorations.
De nombreux hôtes de marque sont attendus aujourd’hui à Kinshasa. Pas moins de quatre rois et 18 chefs d’État ont été invités pour le défilé militaire qui devrait être le clou des cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance, ce mercredi 30 juin.
Les rois du Maroc, Mohammed VI, de Jordanie, Abdallah, du Swaziland, Mswati III, et de Belgique, Albert II (arrivé à Kinshasa le 28 juin), seront présents au côté du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour voir défiler les troupes congolaises (environ 15 000 hommes) et 455 casques bleus et policiers onusiens (sur les 20 000 que compte la Monuc) et quelque 400 chars et véhicules.
Parmi les chefs d’État invités – et confirmés – figurent le Rwandais Paul Kagamé, réconcilié depuis 2009 avec son homologue congolais Joseph Kabila, l’Ougandais Yoweri Museveni, le Centrafricain François Bozizé et le Congolais Denis Sassou Nguesso. Mais on annonce aussi Jacob Zuma (Afrique du Sud), Robert Mugabe (Zimbabwe), Idriss Déby Itno (Tchad), Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo Ondimba (Gabon)… La France, quant à elle, ne sera représentée que par son secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet.
Un absent de taille
Les festivités devraient être fastueuses. Depuis plusieurs semaines, la réfection des grandes artères a paralysé le centre de la capitale, notamment autour du Parlement et du stade des Martyrs, où les Congolais se réuniront. Les journées de mardi après-midi à jeudi ont été déclarées « chômées et payées ».
Mais il y aura un absent de taille : le principal parti d’opposition en RD Congo, le Mouvement de libération du Congo (MLC, parti de Jean-Pierre Bemba), a décidé de ne pas participer aux cérémonies « pour ne pas cautionner l’utilisation des assassinats et autres crimes politiques comme instruments de gouvernance », avait-il indiqué début juin. Cette décision avait été prise peu après le meurtre, à Kinshasa, du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. L’homme a été retrouvé mort le 2 juin après un rendez-vous qui n’a pas eu lieu à l’inspection générale de la police. Des policiers ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête et le général John Numbi, chef de la police, a été suspendu.
L’indépendance, quel bilan ?
Une affaire douloureuse et dramatique qui vient rappeller que, pour beaucoup de Congolais, l’indépendance n’a pas forcément été synonyme de délivrance. Depuis plusieurs jours, d’ailleurs, la presse congolaise s’interroge sur le bilan « mi-figue mi-raisin » du cinquantenaire, rappelant qu’en 2010, les deux tiers des quelque 60 millions de Congolais vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.
« Sorti de l’humiliant esclavage colonialiste, le Congolais de plus en plus pauvre ne vivrait-il pas sous la domination arrogante de compatriotes de plus en plus riches ? », osait mardi le quotidien centriste Le Potentiel.
Archive : il y a tout juste 50 ans, le 30 juin 1960, le Roi des Belges proclamait l’indépendance du Congo.
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