Tous les Guinéens pourront-ils voter ?

La course contre la montre se poursuit en Guinée. Moins de deux jours avant la date fatidique, l’organisation de la première présidentielle libre du pays continue de poser problème, même si la Commission électorale nationale se déclare « confiante ». Reportage de notre envoyée spéciale à Conakry.

Des militants de l’Union des forces républicaines (UFR), lors d’un meeting du candidat Sidya Touré © Reuters

Des militants de l’Union des forces républicaines (UFR), lors d’un meeting du candidat Sidya Touré © Reuters

cecile sow

Publié le 25 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

La Guinée face à son destin
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La Guinée face à son destin

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Pas d’air de rap ou de reggae ni coups de sifflets stridents. Ce jeudi après-midi, Soumambossia reste calme, même si nous ne sommes qu’à trois jours de la présidentielle du 27 juin. Quelques hommes, assis dans la courette d’une mosquée de ce quartier pauvre de Conakry, font des prières pour une élection présidentielle paisible. Pour que des heurts, comme ceux qui ont fait deux morts à Forécariah (Basse Guinée) ne se reproduisent pas.

Sur le mur ocre de l’édifice, il n’y évidemment aucune affiche de candidat. Juste une feuille blanche avec la liste des dix bureaux de vote du coin. Le chef de quartier est introuvable. Il est allé vérifier l’installation du matériel électoral, disent des habitants.

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Un vent frais souffle dans les ruelles cahoteuses. On est bien loin du tohu-bohu des grandes artères de la ville, où des jeunes femmes portant des T-shirts à l’effigie de leur candidat, pagne remonté au-dessus du genou, bonnet de douche en plastique sur la tête et sifflet entre les lèvres, montent à califourchon sur des motos pilotées par des garçons surexcités. Même les trombes d’eau qui s’abattent par intermittence sur ville ne les arrêtent pas.

Affiches de campagne dans les rues de Conakry (photo : AFP).

Sécurisation du matériel électoral

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Ailleurs, à Mafanco, à quelques encablures du marché Madina, le plus grand de la capitale, règne aussi une atmosphère tranquille, à peine troublée par le bourdonnement des vuvuzelas venant, via les postes de télé, des stades d’Afrique du Sud où se joue le Mondial de football. Ici, la liste des bureaux de vote n’a pas encore était affichée et le représentant de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) chargé de la distribution des cartes d’électeurs, attend patiemment que les 94 personnes sur les 3 244 inscrites dans le secteur viennent enfin récupérer le précieux document.

Dans la pièce jouxtant son bureau sont entassés urnes, bulletins de vote, rideaux marrons pour les isoloirs… La porte est grande ouverte. Il n’y a aucune surveillance. « Ici, il n’y a aucun problème », assure l’adjoint du chef de quartier, Mamadi Kourouma. « Le commissariat et le tribunal sont à quelques mètres » dit-il. Une tranquillité que ne partagent pas tous les responsables de l’organisation des élections.

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« La question de la sécurisation du matériel électoral est un problème réel dans plusieurs endroits », reconnaît le directeur des opérations de la Ceni, Pathé Dieng. Mais, selon lui, le déploiement « imminent » de la Force spéciale de sécurisation du processus électoral (Fossepel) permettra de prévenir tout nouvel incident sur les futurs lieux de vote.

Hélicoptères de l’armée

En début de semaine, un homme en possession de plusieurs dizaines de cartes d’électeurs a été interpellé. Malgré cet incident, Dieng considère que le scrutin pourra se tenir dans de bonnes conditions, même en province. « Nous avons certes dû revoir la répartition des bureaux de vote car certains se trouvaient à plus de 25 km des populations, ce qui n’est pas conforme aux textes, mais le matériel a été acheminé et la distribution des cartes se poursuit », explique-t-il.

Mais qu’en sera-t-il de l’acheminement des procès-verbaux après le vote ? Selon lui, ils seront « récupérés dans des lieux de collecte situés dans chacune des 304 CRD [Communautés rurales de développement, NDLR] du pays, tandis que le plan de ramassage prévoit d’utiliser des hélicoptères de l’armée dans les zones les plus enclavées ».

Les résultats provisoires du scrutin devraient être annoncés au plus tard 72 heures après le vote. La Cour suprême aura, pour sa part, huit jours pour proclamer les résultats définitifs du premier tour. En cas de contestation, elle disposera de trois jours pour se prononcer.
 

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