L’ambassadrice des Pays-Bas se lâche
Une corruption massive, l’un des pires climat des affaires du monde : la diplomate néerlandaise en poste à Kinshasa, Ellen Berends-Vergunst, a dressé un portrait peu élogieux de la RD Congo à l’occasion de son départ, mercredi.
Pour son discours de départ, l’ambassadrice des Pays-Bas en RD Congo a eu la main lourde : de la politique à l’économie, tout y est passé, ou presque.
Ellen Berends-Vergunst a ainsi fustigé le climat des affaires dans le pays, estimant qu’il s’agissait de l’un des « pires au monde » (le rapport « Doing Business 2010 » de la Banque Mondiale classe la RD Congo 182e sur 183).
« Au niveau des investissements privés, on observe une grande incertitude juridique, une corruption massive ainsi que des pratiques d’un autre temps : expulsions, double vente de concessions, non-respect des contrats, extorsions… » a-t-elle poursuivi.
Après trois ans dans la capitale congolaise, Ellen Berends-Vergunst a bien noté quelques « progrès » (la RD Congo a récemment adhéré à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires), mais cela ne l’a pas empêchée d’attaquer « des fuites massives dans les recettes douanières fiscales et dans d’autres secteurs ».
Les Congolais et le destin de leur pays
Elle a aussi regretté que moins de 100 entreprises européennes soient présentes dans le pays d’après elle (contre 6000 en 1960), alors que « miser sur le secteur privé » est essentiel pour la croissance économique.
Le pays est certes en passe d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) qui lui permettrait d’obtenir une annulation d’une partie de sa dette extérieure elle passerait (de 11 milliards de dollars à 2,3 milliards) mais cela ne rassure pas la diplomate. Il y a des « risques de réendettement sous forme de contrats commerciaux d’un autre genre », a-t-elle estimé et « un certain relâchement dans la discipline budgétaire » ainsi que des « retards dans les réformes structurelles nécessaires au développement du pays ».
Côté politique, Ellen Berends-Vergunst n’est pas moins critique. La réussite des élections prévues en 2011 n’est pas assurée, du fait de « l’absence de calendrier clair comportant des dates fixes […] ainsi qu’un budget électoral non réaliste évalué à 780 millions de dollars ».
Pour la Néerlandaise, les Congolais n’ont pas assez pris en main « le destin de leur pays ». « Cinquante ans après [l’indépendance], il ne faut plus trop se concentrer sur les méfaits de la colonisation ou d’une accession à l’indépendance à la hâte, ou encore pointer à chaque fois du doigt les responsabilités de la communauté internationale. »
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