Pour Abdoulaye Wade, l’Afrique n’est pas corrompue

Le président sénégalais a décidé de recadrer de manière diplomatique les récents propos de l’ambassadrice américaine sur la corruption au Sénégal, sans la citer. Il a notament affirmé qu’il ne fallait pas généraliser au continent quelques cas particuliers de corruption.

Abdoulaye Wade lors d’une conférence de presse à Abidjan, le 22 avril 2010. © AFP

Abdoulaye Wade lors d’une conférence de presse à Abidjan, le 22 avril 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 22 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

« L’Afrique n’est pas corrompue, même s’il y a des corrompus », a déclaré Abdoulaye Wade lundi 21 juin, dans un discours apparemment improvisé. Le président sénégalais s’exprimait à l’ouverture d’un séminaire régional sur le renforcement des capacités des entités anti-corruption en Afrique de l’Ouest, organisé conjointement par le Sénégal et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

« S’il y a un corrompu en Amérique, pourquoi on ne dit pas que l’administration d’Obama est corrompue ? », a demandé M. Wade, qui réagissait visiblement à la publication, fin mai, d’un texte signé de l’ambassadrice des États-Unis à Dakar et intitulé « Sénégal et corruption ».

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« Peut-être que je suis naïf »

Selon l’Agence de presse sénégalaise (APS), le chef de l’État a ajouté: « S’il y a des corrompus en Allemagne, ou en France, etc. – j’ai des cas précis -, on ne dit pas le gouvernement et le peuple sont corrompus. S’il y a des corrompus en Afrique, il ne faut pas dire que les Africains sont corrompus. »

« Il faut qu’on se décomplexe face à ceux qui nous font penser que nos pays sont corrompus. (…) Je ne peux pas l’accepter », a encore lancé M. Wade. Le chef de l’État a par ailleurs affirmé: « J’ai des ministres vertueux, je me trompe peut-être parce que je ne comprends pas comment un ministre peut s’enrichir. Peut-être que je suis un naïf. »

Pourtant, au Sénégal, le thème de la corruption fait souvent les gros titres de la presse privée. Ces dernières semaines, des partis d’opposition, ONG et « mouvements citoyens » ont notamment demandé à l’État de lancer une enquête sur des « millions de dollars » qui pourraient avoir été payés comme commissions au moment de l’attribution d’une licence de téléphonie au groupe Sudatel en 2007. Mais il y a aussi l’affaire Millicom et bien d’autres…

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L’an dernier, le Sénégal avait été marqué par l’affaire des 133 000 euros offerts par la présidence à un agent du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar, en guise de « cadeau d’adieu ». Mais Wade avait dû également défendre la gestion par son fils de l’Agence nationale de l’organisation de la Conférence islamique, très critiquée dans le livre d’un journaliste sénégalais Abdou Latif Coulibaly, Comptes et mécomptes de l’Anoci. (avec AFP)

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