Les Abacha, pilleurs de père en fils

Abba Abacha, le fils de l’ancien dictateur du Nigeria Sani Abacha, a été condamné en Suisse pour avoir participé au pillage des ressources de son pays. Montant de ses avoirs saisis par la justice : 400 millions de dollars…

L’ex-dictateur du Nigeria, Sani Abacha. © AFP

L’ex-dictateur du Nigeria, Sani Abacha. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 18 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Suite et fin dans l’affaire Abacha ? Pas sûr… Abba, le fils du dictateur nigérian Sani Abacha (décédé en juin 1998) peut encore faire appel de la décision qui a été rendue contre lui par le Tribunal de police de Genève, le 18 juin. Absent lors de son procès, il a été reconnu coupable de participation à une organisation criminelle et condamné à une peine de deux ans de prison avec sursis.

Par ailleurs, comme il n’a jamais prouvé la moindre activité lucrative pour justifier de sa fortune, les juges ont également confirmé la confiscation de ses fonds saisis dans les paradis fiscaux bien connus du Luxembourg et des Bahamas. Soit plus de… 400 millions de dollars, a indiqué l’avocat du Nigeria, Enrico Monfrini. Abuja doit maintenant engager une procédure à Genève pour récupérer ces fonds.

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Se disant sous l’influence de sa famille, Abba Abacha avait plaidé l’acquittement. Mais selon les juges, la culpabilité de l’intéressé est indiscutable, et son mobile égoïste, même si on peut considérer qu’il ait été un temps été un simple exécutant des ordres de son père, au pouvoir entre novembre 1993 et juin 1998, et de son frère aîné, Mohammed.

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Le frère de Abba Abacha, Mohammed Sani, lors de son procès en novembre 1999, à Lagos (AFP).

Rôle actif

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« Il ne fait aucun doute qu’Abba Abacha a agi en pleine connaissance de cause et a continué de le faire après le décès de son père », relève le jugement. Il a ainsi ouvert une vingtaine de comptes sous différentes identités pour placer les avoirs provenant du pillage des ressources de son pays. Puis il a continué ses activités criminelles, même lorsque son frère était incarcéré au Nigeria.

Le Nigeria avait envoyé en 1999 aux autorités judiciaires suisses une commission rogatoire internationale visant à récupérer les 2,2 milliards de dollars qui avaient alors été détournés. Quelque 700 millions de dollars au total ont été bloqués en Suisse depuis 1999 avant d’être restitués par tranches au Nigéria, selon un accord conclu entre les deux pays.

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S’il fait appel, Abba Abacha pourrait se voir infliger une peine encore plus sévère. Car le tribunal a pris en compte les 561 jours de détention préventive qu’il a effectués – ainsi que l’ancienneté des faits – pour ne pas le condamner à de la prison ferme.
 

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