Djibouti : quand l’Éthiopie va tout va !

Malgré sa pauvreté en ressources naturelles, le petit pays connaît un fort essor économique. En se positionnant comme une plateforme régionale de distribution, il profite du boom de l’Éthiopie voisine.

A l’image de DP World, les capitaux dubaïotes sont omniprésents dans l’activité portuaire. © Vincent Fournier/Ja

A l’image de DP World, les capitaux dubaïotes sont omniprésents dans l’activité portuaire. © Vincent Fournier/Ja

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Publié le 8 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Tous les experts économiques travaillant sur la Corne de l’Afrique s’accordent à penser que Djibouti a de la chance. Outre une situation géographique privilégiée – porte d’entrée de l’Afrique et à proximité immédiate de l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde -, la petite République profite du boom de son voisin éthiopien, devenu la quatrième économie subsaharienne.

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Résultat, grâce à son port, et malgré la crise financière de 2008, Djibouti affiche depuis dix ans un taux de croissance moyen de 4,5 %, dans la foulée de l’augmentation des échanges commerciaux dans la région. Avec, selon le Fonds monétaire international (FMI), une hausse du PIB de 4,8 %, 2012 a confirmé la tendance, et le rythme devrait s’accélérer puisque les experts du Fonds, en mission dans le pays en mai dernier, prévoient une croissance de 5 % en 2013 et de 6 % minimum pour les deux années suivantes. « La hausse annuelle du PIB pourrait atteindre deux chiffres d’ici à 2020 pour être en phase avec les objectifs du gouvernement : faire de Djibouti un pays émergent en 2035 », assure un conseiller du ministère de l’Économie et des Finances.

Depuis 2003 et l’injection massive de capitaux dubaïotes dans les transports et la logistique, le volume des investissements directs étrangers (IDE) dans ce secteur d’activité suffit amplement à expliquer ces bons résultats. « Comme tous les pays, Djibouti doit s’appuyer sur ses points forts pour assurer son développement économique », insiste Zemedeneh Negatu, représentant du cabinet d’audit Ernst & Young pour l’Afrique de l’Est. Sans autres ressources naturelles à exploiter dans l’immédiat que sa géographie, le pays joue à fond la carte de plateforme sous-régionale de distribution. Avec succès, puisque, d’après les statistiques de la Banque centrale du pays, en 2012 les IDE ont représenté 27,2 % du PIB, contre 24,6 % l’année précédente. L’afflux massif, ces dernières années, de capitaux chinois, indiens, brésiliens ou turcs dans le portuaire et le ferroviaire a permis au stock d’IDE d’atteindre 988 millions de dollars (753,5 millions d’euros) l’an passé, alors qu’il était inférieur à 15 millions en 2005.

Stabilité

Pour séduire les investisseurs privés, Djibouti peut s’appuyer sur sa stabilité politique au coeur d’une région troublée, ainsi que sur un taux de conversion fixe entre le franc djiboutien et le dollar américain qui permet de contenir l’inflation, préoccupante dans un pays où, selon le FMI, 42 % de la population vit en situation d’extrême pauvreté. La hausse de l’indice des prix à la consommation a pu être ramenée à 3,7 % l’an dernier, contre 5,1 % en 2011, sous l’effet notamment d’une baisse en valeur des denrées alimentaires importées, conjuguée à celle des volumes d’importation de gazole destinés à alimenter la centrale thermique de la capitale.

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Djibouti en a profité pour ramener sa balance commerciale, structurellement déficitaire, de – 14,1 % en 2011 à – 12,3 % l’année dernière. La diminution des recettes fiscales liées aux importations de carburant a certes plombé les finances de l’État, mais la politique prudente du gouvernement en matière de dépense publique et l’amélioration du recouvrement des impôts ont permis de contenir le déficit budgétaire à 2,7 %.

Le FMI, qui attend du pays de meilleurs résultats en la matière, demande un élargissement de l’assiette fiscale et l’élimination des dernières poches d’exonération. L’équilibre du budget devrait donner les moyens aux pouvoirs publics de s’attaquer efficacement à la pauvreté et au chômage, lutte classée au rang de priorité aussi bien par l’institution que par Zemedeneh Negatu : « L’augmentation attendue de la croissance et des volumes d’investissements doit donner l’occasion au gouvernement d’améliorer le niveau de vie de la population. Il y a urgence. »

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