Fausse prise d’otage pour vrai butin : le procès de cinq islamistes présumés

Cinq hommes, dont l’un est en fuite, sont jugés depuis lundi par la cour d’assises spéciale de Paris. Ils sont accusés d’avoir volé un million d’euros à la Brink’s au moyen d’une fausse prise d’otage, afin de financer le terrorisme islamiste.

Croquis réalisé le 14 juin, à l’ouverture du procès qui doit durer jusqu’au 2 juillet. © Benoit Peyrucq/AFP

Croquis réalisé le 14 juin, à l’ouverture du procès qui doit durer jusqu’au 2 juillet. © Benoit Peyrucq/AFP

Publié le 15 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Hassan Baouchi, 29 ans, Fred Gustave, 41 ans, Zine Eddine Khalid, 47 ans et son frère Djamel Khalid, 50 ans, ont été présentés lundi devant une cour d’assises spéciale. Une cour d’assises exclusivement composée de magistrats pour juger de faits liés au terrorisme. Le cinquième homme, Abdelnasser Benyoucef, est en fuite depuis 2004 : il sera jugé par défaut.

Que leur reproche-t-on ? D’avoir orchestré une fausse prise d’otage, le 1er mars 2004, afin de dérober pas moins d’un million d’euros dans des distributeurs automatiques de billets (DAB) de la Brink’s, en Seine-Saint-Denis, près de Paris. La somme, qui n’a jamais été retrouvée, aurait servi au financement de mouvements terroristes, dont le Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), pour des opérations à l’étranger. Groupe salafiste lié à Al-Quaïda, le GICM aurait commandité les attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts) et du 16 mai 2003, à Casablanca (45 morts).

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Otage… puis complice

Hassan Baouchi, à l’époque employé de la Brink’s chargé de la maintenance des distributeurs, assure avoir été enlevé ce jour-là par trois hommes, puis forcé à leur remettre les fonds de trois agences. Une version démentie par Fred Gustave, interpellé huit mois après les faits pour une autre affaire. Celui-ci avait alors déclaré aux enquêteurs que l’enlèvement était une mise en scène, Baouchi étant l’un des co-auteurs du vol, avec Zine Eddine Khalid et Abdelnasser Benyoucef. Hassan Baouchi avait alors reconnu son implication, avant de se rétracter, en 2005.

Lors de ce procès, qui doit se tenir jusqu’au 2 juillet, Hassan Baouchi, Zine Eddine Khalid et Abdelnasser Benyoucef sont accusés de « vol en bande organisée », « association de malfaiteurs à visée terroriste » et « financement du terrorisme », et encourent vingt ans de réclusion criminelle. Les deux premiers sont aujourd’hui incarcérés à Fleury-Mérogis et Villepinte.

Fred Gustave et Djamel Khalid, eux, devront répondre des accusations de « recel du produit en bande organisée » – Khalid aurait caché une partie du magot pendant plusieurs semaines – et « association de malfaiteurs à visée terroriste ». Eux comparaissent libres et risquent dix ans de prison.

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Affaires de famille

Franco-Marocain, Hassan Baouchi est le frère de Mustapha Baouchi, considéré comme l’ex-chef de la cellule française du GICM (aujourd’hui démantelée) et qui a écoppé, en 2007, d’une peine de dix ans d’emprisonnement pour sa participation dans les attentats de Casablanca. Zine Eddine Khali, le frère de Djamel Khalid, est, lui, Algérien. Il a déjà été condamné à six ans de prison – peine qu’il a fini de purger – pour son lien avec l’affaire des « filières tchétchènes » qui, en 2001-2002, auraient organisé un attentat à Paris.

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À l’ouverture du procès, lundi, les avocats de la défense ont demandé le renvoi devant une cour « classique », avec un jury populaire, ainsi que la mise en liberté de Baouchi et Zine Eddine Khalid. Des demandes rejetées par la présidente de la cour, Laurence Turbe-Bion.

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