L’Algérie veut savoir
Après vingt-quatre ans d’éclipse, l’Algérie va rejouer un match de Coupe du Monde, dimanche 13 juin face à la Slovénie. Mais que vaut-elle vraiment ?
L’enthousiasme n’a pas été douché. L’Algérie attendait cela depuis trop longtemps pour noyer sa joie dans le bain bouillonnant du pessimisme. Mais depuis qu’elle a obtenu sa qualification pour la Coupe du Monde sud-africaine à la sortie d’un barrage irrespirable face à l’Egypte (1-0) à Omdurman, dans la banlieue de Khartoum (Soudan), l’Algérie souffle le chaud et le froid. En janvier, elle avait décroché la quatrième place de la CAN angolaise, en regardant le faux-frère égyptien se consoler de son absence au Mondial et repartir au Caire avec un troisième trophée continental consécutif comme excédent de bagages. Depuis, elle a plus inquiété que rassuré ses supporters, dont le nombre équivaut approximativement à la population totale de ce pays dingue de foot.
Une défense fébrile et une attaque muette
En Angola déjà, les Fennecs avaient laissé filtrer les prémices d’une faiblesse défensive qu’on ne lui connaissait pas. Indigente face au Malawi (0-3), puis en demi-finale face à des Pharaons à la rancune tenace, l’Algérie s’était égarée dans les chemins du doute. « Ses problèmes défensifs ont vraiment débuté à la CAN », confirme Hervé Renard, le sélectionneur de l’Angola qui dirigeait la Zambie, adversaire des nord-africains pendant les éliminatoires. « C’est la première chose qu’elle va devoir régler. Pourtant, avec des joueurs comme Bougherra, Yahia ou Belhadj, elle a de bons joueurs dans ce secteur. »
Rabah Saâdane, sévèrement critiqué ces derniers mois et qui avait usité un système (3-5-2) forcément risqué pour les défenseurs devrait se laisser aller à un 4-2-3-1 peut-être plus en phase avec les caractéristiques de sa sélection. « J’ai l’impression qu’il recherche la bonne formule. Et il a fait appel à sept joueurs qui n’avaient jamais joué pour la sélection. Cela peut prendre du temps de les intégrer et avant une Coupe du Monde, c’est forcément risqué », s’interroge Renard. Car depuis ses trois buts contre la Côte d’Ivoire (3-2) en quart de finale de la CAN, l’Algérie n’a pas fait que confirmer ses errances défensives face à la Serbie (0-3) et l’Eire (0-3). Ses attaquants se sont murés dans un mutisme offensif qui a duré quatre matches, c’est-à-dire une éternité, jusqu’à ce qu’un penalty de Karim Ziani samedi dernier face aux Emirats Arabes Unis (1-0) ne la sorte de ce silence pesant. « Il y a des joueurs de talent au milieu comme Ziani ou Matmour. Quand nous l’avions affrontée en éliminatoires, elle avait su se créer des occasions. Mais elle m’a fait meilleure impression individuellement que collectivement, même si elle dégage une vraie force mentale. Si elle arrive à régler ses soucis défensifs, elle peut jouer un rôle dans son groupe, où ses trois adversaires lui sont supérieurs. »
Dimanche contre la Slovénie à Polokwane, la Verte, qui n’est pas arrivée là par hasard aura beaucoup de réponses à apporter. Presque 24 ans jour pour jour après son dernier lors d’une phase finale. C’était le 12 juin 1986 à Guadalajara (Mexique) face à l’Espagne. Et cela s’était mal terminé (0-3)…
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