La Coupe du monde selon Eto’o
Pour la première fois, la Coupe du monde de football va se dérouler en Afrique. À travers plusieurs interviews cette semaine, le capitaine des Lions indomptables, Samuel Eto’o, a confié ce que représentait pour lui cet événement. Et répliqué, au passage, aux attaques de Roger Milla.
Dans une longue interview au quotidien britannique The Guardian, publiée le 8 juin, Samuel Eto’o est revenu sur sa carrière, sur quelques polémiques, mais surtout sur la portée symbolique d’un Mondial de football qui, pour la première fois, se tient sur le continent. « C’est incroyable. J’ai toujours rêvé de jouer une Coupe du monde en Afrique. Quand j’irai en Afrique du Sud, ce sera comme de revenir au Cameroun. J’ai toujours dit que, avant même d’être camerounais, j’étais un Africain. Je vis peut-être en Europe mais je dors en Afrique ! », lance-t-il.
Si le capitaine des Lions indomptables est aussi prolixe sur le sujet, c’est que la mauvaise image du continent dans le monde le heurte beaucoup. Ne serait-ce que parce qu’il est régulièrement – et depuis longtemps – victime du racisme des supporteurs européens. Cette Coupe du monde africaine peut-elle faire évoluer les mentalités dans les stades ? « Je l’espère, dit-il, car j’ai beaucoup souffert du racisme en Italie cette année. Mais, pour y arriver, il faut passer à travers ça. Et c’est aussi pour ça que c’est incroyable d’aller jouer dans le pays de mon idole, Madiba. J’ai eu la chance de le rencontrer deux fois. J’ai eu l’honneur d’être à son 89e anniversaire et j’ai eu dix minutes de conversation privée avec lui. Ce fut l’une des choses les plus extraordinaire qui me soit arrivée. »
« Le monde va être surpris par l’Afrique »
Eto’o, c’est une évidence, a la foi des grands champions. « Comme beaucoup d’Africains, j’ai dû travailler plus dur et montrer plus de confiance en moi que les autres. J’ai commencé avec rien pour atteindre le niveau auquel je suis aujourd’hui. Tout ce que j’avais, c’était le football et l’aide de Dieu. Je crois que le monde entier va vraiment être surpris par l’Afrique. Et ça pourrait être la meilleure Coupe du monde de l’histoire », assure-t-il.
Les supporteurs africains, à l’instar d’Eto’o, sont bien sûr extrêmement fiers de cette Coupe du monde. Mais ils rêvent aussi qu’au moins une des équipes du continent réalise un exploit. Sur ce point, Eto’o n’est évidemment pas défaitiste : « Nous avons joué sur beaucoup de terrains ces vingt dernières années et, en Europe, beaucoup de joueurs de pointe sont africains. Si nous nous préparons bien, l’une des équipes africaines peut faire quelque chose de spécial. »
Le 7 juin, Eto’o avait exprimé la même certitude à l’AFP : « Les équipes africaines sont prêtes à gagner la Coupe du monde. J’espère que le monde est prêt à accepter ça (…). » Quoi qu’il en soit, pour lui, une chose est sûre : le Mondial en Afrique du Sud sera « l’occasion de montrer au monde que l’Afrique, ce n’est pas seulement des maladies… »
Ni la guerre, ou les divisions intestines, d’ailleurs. Raison pour laquelle les attaques de Roger Milla, qui estimait que Eto’o n’en faisait pas suffisamment pour la sélection nationale, l’ont autant… énervé.
« Je n’ai pas à me justifier »
Réplique du capitaine camerounais dans le Guardian : « Les gens devraient me respecter et se taire parce que jouer les quarts de finale [match perdu par le Cameroun de Milla contre l’Angleterre, lors du Mondial de 1990 en Italie, NDLR], ce n’est pas la même chose que gagner la Coupe du monde. Ma carrière ne s’arrête pas aux quarts de finale. J’ai gagné les Jeux Olympiques [en 2000, NDLR], j’ai gagné deux Coupes africaines des nations [CAN, en 2000 et 2002, NDLR]. Combien de Ligues des champions ai-je gagné ? [réponse : trois, en 2006, 2009 et 2010, NDLR] Je n’ai pas à me justifier de quoi que ce soit », martèle Eto’o. Qui reconnaît toutefois que la prestation du Cameroun lors de la dernière CAN a été mitigée (défaite 1-3 contre l’Égypte en quarts de finale).
« C’est vrai que nous n’avons pas bien joué, mais nous devons faire mieux pour le Mondial. Il est temps pour nous de nous préparer mentalement car la Coupe du monde se joue autant avec la tête qu’avec les jambes », dit-il. Premier test pour le Cameroun : le 14 juin face au Japon (groupe E).
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