Bantunani, l’ouverture tous azimuts

Le groupe Bantunani revient avec un second album : « Africanization ». Où la formation emmenée par Michel Nzau fait coexister son afrogroove typique avec un étonnant éclectisme.

La formation pratique une étonnante variété de styles. Avec une prédilection pour la nu-rumba. © bantunani.com

La formation pratique une étonnante variété de styles. Avec une prédilection pour la nu-rumba. © bantunani.com

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 6 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Mais qui sont-ils ? C’est bien la question que pose, titre après titre, Africanization, le second album de Bantunani (littéralement : qui sont les Bantous ? ou : qui sont les hommes ? en lingala).

Le son typique de cette formation, la « nu-rumba » (mélange de groove agressif et de refrains entêtants teintés d’influences congolaises) compose certes la colonne vertébrale de ce disque. Mais ce dernier propose aussi une impressionnante variété de styles, dont l’origine est à chercher du côté des nombreux artistes invités. En tout, cette flopée de musiciens extérieurs apporte sa griffe dans neuf des quatorze titres de l’album.

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Hébreu et guitare manouche

Cette diversité se retrouve également dans la composition du groupe. « Depuis sa création, en 2006, […] les changements de line-up furent nombreux », rappelle le site internet de la formation. Dans son état actuel, donc, le groupe comprend par exemple un bassiste japonais, un guitariste guadeloupéen et plusieurs musiciens issus de l’Hexagone, tandis que le leader et chanteur Michel Nzau, arrivé en France à l’âge de quatre ans, est né en RD Congo.

Pour son interprétation, Nzau choisit l’anglais, qui n’est pourtant pas sa langue maternelle. Cela se ressent parfois, mais on lui accordera que la langue de Shakespeare s’accorde bien mieux avec le « groove » de Bantunani.

On l’aura compris, le groupe se veut d’une extrême ouverture. Outre l’anglais, il utilise le lingala (parfois), le français (assez peu), voire même une petite touche d’hébreu. Dans Africanization, on reconnaît à la fois de la guitare manouche (Gipsy Lady), des couplets proches du ragga (Gangstalies) et des morceaux qui rappellent le rock progressif (Letthemtalk).

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Prophétie

Mais avant d’arriver sur cet album, tous ces styles ont subi l’« africanization » annoncée : ils ont été enrichis de sons nu-rumba et des montées de voix cristallines et régulières de Michel Nzau.

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Au-delà du métissage musical, « l’africanization » explique-t-il, c’est aussi une prophétie, selon laquelle le monde s’africanisera en se rendant compte qu’une partie des réponses à ses problèmes se trouve sur le continent. «  Quand j’entends les gens vanter les mérites de l’écologie, du manger bio, de la solidarité… Je me dis que la société qu’ils appellent de leurs vœux existe déjà en Afrique. L’Occident ferait bien de s’inspirer du continent. »

En attendant, c’est surtout l’exploitation du dernier par le premier que dénoncent ses paroles. Notamment dans Coltan Rush, un titre enivrant et particulièrement dynamique, qui accuse les grandes compagnies, dont l’appétit pour le minerai nourrit les guerres de l’est de la RD Congo. Le titre, qui a déjà connu un certain succès lors d’une précédente sortie en single, est présenté dans cet album sous une nouvelle version.

Coltan Rush est l’illustration la plus aboutie de la fusion que Bantunani souhaite créer entre exaltation de la musique, frénésie dansante et message mobilisateur. On regrettera simplement que ce discours frise l’angélisme sur certains titres.

L’écoute de cet album laisse en tout cas présager une prestation scénique des plus galvanisantes, tant sa musique s’y prête. Une prophétie à vérifier sur la scène du New Morning, à Paris, le 10 juin pour leur premier concert de l’ère « africanization ».

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