Du ring à la prison… pour 78 millions d’euros
Chaque dirham qu’il a empoché lors d’un fabuleux casse en Grande-Bretagne lui coûte aujourd’hui une seconde de prison au Maroc. La facture totale ? Dix ans de détention… Ibrahim Lee Murray, ou l’histoire d’un boxeur devenu le braqueur le plus célèbre d’Europe.
Mardi 1er juin, le Maroco-Britannique Ibrahim Lee Murray a été condamné par le tribunal de première instance de Salé (ville jumelle de Rabat) à dix ans de prison ferme pour « constitution d’une bande criminelle, vol qualifié à main armée, port illégal d’uniforme, enlèvement et séquestration, faux et usage de faux », pour des faits de grand banditisme en Angleterre.
Né de père marocain et de mère anglaise, Murray était accusé par Londres et Rabat d’être le cerveau d’un braquage record dans le Kent (sud-est de l’Angleterre) en 2006, quand un fourgon de la société Securitas avait été dévalisé. Le montant du butin, considéré comme le plus élevé de l’histoire criminelle de Grande-Bretagne, est phénoménal : 78 millions d’euros, soit plus de 351 millions de dirhams. Murray aura désormais tout le loisir de compter son argent : sur les dix ans de prison à venir, une heure de détention ramenée au montant total de la somme qu’il aurait empochée (36 millions d’euros) correspond à 411 euros, soit un peu plus d’un dirham par seconde de prison…
Lee Murray est suspecté d’être le gangster surnommé « Stopwatch ».
Saisie immobilière à Rabat
Le Maroc avait refusé en 2009 son extradition vers la Grande-Bretagne et décidé de le poursuivre à Rabat pour les faits incriminés. Sans doute pour récupérer une partie de ses avoirs, placés dans le royaume. Dans son verdict, le tribunal a ordonné la saisie au profit de l’État marocain des 800 actions que Lee Murray détient dans la société Lee Inter Immobilier, propriétaire notamment d’une villa située au Souissi, un luxeux quartier de Rabat, ainsi que de divers transferts d’argent bloqués par la justice, évalués à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Murray, 32 ans, avait été arrêté en juin 2006 à Rabat en compagnie de cinq personnes, dont un autre Britannique, Paul Allen. Le groupe avait déjà été condamné en février 2007 à des peines allant de quatre mois à trois ans de prison ferme pour s’être rendu coupable au Maroc de « violence contre les forces de l’ordre, détention et consommation de drogue, coups et blessures et usurpation de fonction ». Allen avait quant à lui été extradé en janvier 2008 vers la Grande-Bretagne, où il a écopé de 18 années de réclusion.
Grandeur et misère d’un « ultimate fighter »
Avant de s’adonner au sport du braquage, Murray était devenu un champion d’Ultimate fighting, une boxe où plusieurs arts martiaux sont permis. Après avoir fait ses débuts en 1999, il s’était taillé une solide réputation en mettant K-O le champion du monde en titre Tito Ortiz… devant une boîte de nuit de Londres. Puis il avait battu – à la régulière, cette fois – le champion du monde en titre, l’Américain Jorge Rivera, à Las Vegas en 2004. Entre-temps, il avait été suspecté d’implication dans l’assassinat de Sabina Rizvi, 25 ans, tuée d’une balle dans la tête en 2003 dans une sombre histoire de mœurs.
En septembre 2005, nouvelle rixe pour Murray à la sortie du Funky Buddha nightclub de Londres. Cette-fois, elle tourne mal : l’agression lui vaut de la chirurgie à cœur ouvert et l’oblige à mettre un point final à sa carrière. Même s’il est de retour dans les salles d’entraînement moins de cinq semaines après l’opération… Un coup dur qui l’entraîne vraisemblablement plus avant vers le grand banditisme. Roger Coutts, un de ses complices, condamné à 15 ans de prison, disait de lui : « Lee Murray possède des sociétés de sécurité, emploie des vigiles, il a des voitures aux couleurs voyantes et est un dealer notoire, tout le monde sait cela. C’est un gangster. »
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