Un avocat d’Ingabire, emprisonné, aurait « tenté de suicider »
Peter Erlinder, l’avocat américain de l’opposante Victoire Ingabire, a été retrouvé très mal en point dans sa cellule de Kigali, mercredi matin. Selon la police rwandaise, il aurait avalé des médicaments. Tentative de suicide ? Quoi qu’il en soit, voilà peut-être l’objet d’une nouvelle controverse entre les États-Unis et Paul Kagamé.
L’incident devrait encore faire monter la pression sur les proches de l’opposante Victoire Ingabire, la présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU). L’un de ses avocats, l’Américain Peter Erlinder, aurait ingéré « une cinquantaine de comprimés ». C’est ce qu’a déclaré Éric Kayiranga, le porte-parole de la police qui l’a retrouvé mal en point, mercredi matin, dans sa cellule de prison à Kigali L’homme a été admis dans un hôpital de Kigali et, depuis, « ses jours ne sont pas en danger ».
Selon les autorités, Peter Erlinder aurait « reconnu lui-même qu’il voulait se donner la mort, au regard de la gravité des faits qui lui sont reprochés ». Mais ses proches ont immédiatement mis en doute la version officielle. De même que Kennedy Ogetto, un autre avocat, kenyan, de Victoire Ingabire, et le seul qui déclare avoir pu rencontrer « deux minutes » le détenu, en présence de policiers : « C’est très étrange, nous aurions pu imaginer que les autorités rwandaises nous l’auraient dit, (…) nous trouvons cela très suspect » a indiqué Kennedy Ogetto, un autre avocat, kenyan, de Victoire Ingabire.
Accusation paradoxale
Peter Erlinder, par ailleurs président de l’Association des avocats de défense du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) – instance chargée de juger les responsables du génocide – est paradoxalement accusé par Kigali de nier la réalité du génocide. Les autorités nient tout lien entre son inculpation et son poste au TPIR. « Le fait d’être défenseur devant le TPIR ne confère pas l’immunité pour des crimes commis en dehors de ce cadre bien précis », affirme Martin Ngoga, procureur général du Rwanda.
L’arrestation de l’avocat par les autorités, vendredi dernier alors qu’il était venu défendre l’opposante Victoire Ingabire devant les tribunaux rwandais, avait déjà déclenché des protestations. D’autant que cette arrestation avait lieu juste après une sérieuse mise en cause de la gouvernance démocratique de Kigali par Johnnie Carson, le « monsieur Afrique » de Barack Obama…
Ingabire, qui s’était déclarée candidate à l’élection présidentielle d’août prochain, avait été incarcérée puis remise en liberté conditionnelle. Elle est accusée d’« association avec un groupe terroriste », de propagation de l’idéologie du génocide, de négationnisme et de « divisionnisme ethnique ».
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