La résistance des sans-papiers brisée par la police

Les travailleurs sans papiers qui occupaient, depuis plusieurs jours, les marches de l’opéra Bastille à Paris pour réclamer leur régularisation, ont été évacués par les forces de l’ordre.

Les CRS procèdent à une interpellation lors de l’évacuation des manifestants, jeudi 3 juin 2010. © AFP

Les CRS procèdent à une interpellation lors de l’évacuation des manifestants, jeudi 3 juin 2010. © AFP

Publié le 3 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Tôt ce jeudi 3 juin, des policiers ont investi la place de l’opéra Bastille pour procéder à l’évacuation des travailleurs immigrés – des Africains en majorité – qui manifestaient et dormaient sur place depuis le 27 mai.

Peu après 8 h, les marches de l’opéra Bastille étaient complètement vidées. Seuls restaient des dizaines de couvertures et sacs de couchage éparpillés, tandis que des gendarmes mobiles couraient derrière un groupe de sans-papiers dans une rue adjacente.

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Selon des policiers, l’opération s’est déroulée dans le calme et 160 personnes ont été priées de quitter les lieux, sans qu’aucune interpellation n’ait lieu.

Une version qui diffère de celle du délégué CGT Jean-Hubert Guidou. Le syndicat, qui soutient et accompagne le mouvement depuis les premiers jours, affirme qu’une trentaine de personnes ont été interpellées au cours de l’évacuation.

Selon Amidou, 42 ans, commerçant ambulant place de la Bastille, « les policiers sont arrivés par la place, puis par le haut des marches. Ils ont répandu du gaz lacrymogène et ensuite, ils ont procédé à des interpellations ». Selon lui, il y a eu des blessés légers au cours de l’opération.

De la négociation aux CRS

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Cette évacuation a surpris tout le monde, alors que les négociations semblaient bien engagées – les salariés sans papiers réclament l’établissement de critères clairs quant à leur régularisation, et la direction générale du travail avait accepté, hier encore, d’en discuter avec les syndicats et les associations proches du mouvement.

« A priori, l’intervention ne s’est pas faite à la demande de l’opéra ni de la Ville de Paris, qui nous ont indiqué qu’ils n’avaient pas réclamé l’intervention de la police », a assuré Raymond Chauveau, l’un des coordinateurs du mouvement des sans-papiers salariés à la CGT.

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« Rien ne laissait présager cette intervention qui n’a pas été évoquée de quelque manière que ce soit », a-t-il ajouté. « On était réellement sur le dossier dans un travail constructif – comment envisager une procédure de régularisation pour des travailleurs sans papiers qui travaillent au noir – et aujourd’hui on nous envoie les CRS. C’est un peu particulier comme technique », a-t-il regretté.

« Leur demande sera instruite »

« Ce rassemblement, non autorisé, constituait une gêne importante pour la libre circulation des personnes sur une des places les plus fréquentées de Paris », s’est justifiée, de son côté, la préfecture de police dans un communiqué. Elle assure par ailleurs n’avoir « reçu aucun nouveau dossier de régularisation » de la part des personnes présentes sur le site.

Mais « si certaines estiment les remplir, elles peuvent se présenter à la préfecture de leur lieu de résidence, leur demande sera instruite », ajoute-t-elle, rappelant qu’à Paris, depuis le 1er janvier 2008, près de 2 300 personnes ont été régularisées.

Selon la préfecture de police, 34 350 travailleurs étrangers en situation régulière, ayant le droit de travailler, sont actuellement à la recherche d’un emploi à Paris.

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