Bombardement de Bouaké : Michèle Alliot-Marie a été entendue par la justice

L’ancienne ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été entendue début mai par un juge du tribunal aux armées de Paris, a-t-on appris de source judiciaire. Une audition qui n’a visiblement pas satisfait l’un des avocats des familles des victimes, Me Jean Balan.

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, quittant l’hôtel Matignon, le 6 mai 2010. © AFP

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, quittant l’hôtel Matignon, le 6 mai 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 2 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

L’information n’a filtré que le mercredi 2 juin, près d’un mois après les faits. Le 7 mai, l’ancienne ministre française de la Défense, « MAM », a en effet été entendue comme témoin par le tribunal aux armées de Paris dans l’enquête sur le bombardement du camp militaire français, en 2004.

C’est la juge d’instruction Florence Michon qui a procédé à cette audition. Laquelle avait été elle-même demandée en mars, au Conseil des ministres, par la principale intéressée, aujourd’hui ministre… de la Justice.

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Retour sur les faits, bien connus des Ivoiriens. Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes bombardent un camp de l’armée française à Bouaké, tuant dix personnes – neuf militaires français et un civil américain -, et blessant 38 soldats. Les hypothèses sur les causes du drame sont nombreuses, et celle sur l’erreur de cible n’est pas la plus improbable.

MAM se couvre

L’un des avocats des familles des victimes, Me Jean Balan, accusait MAM d’avoir « menti » dans ce dossier, en assurant que les pilotes n’avaient pu être identifiés, alors que de multiples « photos exploitables » figurent, selon lui, au dossier. MAM a ensuite soutenu qu’il n’y avait pas de cadre juridique pour entendre les huit mercenaires biélorusses, dont les deux pilotes des Sukhoï, arrêtés dix jours plus tard à la frontière togolaise. Lomé les avait pourtant « mis à la disposition » des services français, dit l’ancien ministre togolais de l’Intérieur, François Esso Boko. Paris n’avait alors pas donné suite, selon divers témoignages versés au dossier.

« À toutes les questions posées par le juge, nombreuses et détaillées, les réponses de Mme le ministre n’ont eu pour seul objet que de se protéger elle-même. Et cela au détriment non seulement de la vérité mais même de la morale la plus élémentaire », a dénoncé mercredi Me Balan. « L’affaire de Bouaké court actuellement le risque de passer à la trappe alors que les auteurs ont été identifiés dès le début et que l’État français a une responsabilité certaine dans le fait que la justice n’ait pas encore été rendue », a-t-il estimé.

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L’ancien ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, avait pour sa part déjà été entendu comme témoin en février 2008 par la juge Michon. Il avait alors affirmé n’avoir « jamais été informé ni saisi de cette affaire dans le cadre de (ses) fonctions, ni même en dehors de (ses) fonctions ». (avec AFP)
 

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