À Nice, l’Afrique compte énormément
Un ou deux sièges ? Permanents, provisoires, transitoires ? Avec ou sans veto ? La place du continent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies est l’un des sujets majeurs au menu des discussions des chefs d’État réunis à Nice pour le 25e sommet Afrique-France.
« Il est absolument anormal que l’Afrique ne compte aucun membre permanent au Conseil de sécurité », a martelé le chef de l’État français, Nicolas Sarkozy, lors de son (bref) discours d’ouverture au sommet Afrique-France, le 31 mai à Nice. Ce ne sont pas ses invités africains qui le contrediront puisque règne, au sein de l’Union africaine, le consensus d’Ezulwini adopté en 2005. À savoir : l’Afrique, qui représente 27 % des pays membres de l’ONU, doit disposer de deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité (contre aucun aujourd’hui).
Qu’il faille faire entrer le continent le plus jeune, mais aussi le plus secoué par les déstabilisations politiques au sein du Conseil de sécurité ne semble plus poser de problèmes à personne. Les conditions de cette réforme, en revanche, sont plus délicates à définir. C’est ce qui a pu, une nouvelle fois, être constaté lors du sommet de Nice.
La légitimité de la France contestée
Le 30 mai, les ministres des Affaires étrangères africains s’étaient vertement opposés à leur homologue Bernard Kouchner. Il s’agissait, pour le Français, de faire accepter l’idée d’une réforme transitoire du Conseil de sécurité, qui aurait davantage de chances d’aboutir. « Il vaut mieux aller étape par étape, et faire preuve de réalisme », explique-t-on chez les diplomates français. Paris propose d’ajouter, dans un premier temps, une troisième catégorie de membres aux deux existant actuellement au sein du Conseil de sécurité (les membres non-permanents et les sièges permanents avec droit de veto). Cette nouvelle catégorie rassemblerait des pays autorisés à siéger pendant cinq à dix ans, dont « un ou deux africains », selon la France, qui défend ce projet avec le Royaume-Uni. Les chefs des diplomaties africaines ont reproché à la France de s’immiscer dans ce qui ne la regardait pas, puisque l’Union africaine (UA) a déjà statué sur le sujet. Certains allant jusqu’à contester la légitimité de la France de soulever un tel débat, elle qui se veut le porte-voix des Africains auprès des cinq membres actuels du Conseil de sécurité.
Le 31 mai, lors du huis clos des chefs d’État sur cette épineuse question, les discussions semblent avoir été moins houleuses. « Nous avons progressé, indique une source diplomatique française. Les Africains ont accepté d’évoquer le sujet lors du prochain sommet de l’UA à Kampala. ‘Gardez votre position commune’, leur a-t-on dit. ‘Mais acceptez simplement de vous intéresser au principe d’une réforme intermédiaire’. Ce que le président Zuma a très bien compris. » Ce sont en effet les pays de la Communauté de développement des États d’Afrique australe qui avaient mené la fronde, la veille.
Les débats reprendront donc au sein de l’UA à Kampala, en juillet, après avoir occupé déjà de nombreuses heures de huis clos lors de précédents sommets avant de parvenir au consensus d’Ezulwini, en 2005. La réforme du Conseil de sécurité reste une pomme de discorde entre les grandes puissances du continent qui se disputent la faveur du (ou des) siège(s) disponible(s) – viendraient-ils à être prochainement ajoutés.
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