Indignation internationale après l’assaut de la flottille de Gaza
La communauté internationale a sévèrement condamné l’assaut de l’armée israélienne, lundi matin, contre la flottille humanitaire au large de Gaza, qui a fait 19 morts selon la télévision israélienne. Mardi matin, après une réunion en urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé « à lancer sans retard une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux ». Tsahal plaide la légitime défense, affirmant que les occupants du navire Mavi Marmara, contrôlé par l’ONG turque IHH, étaient armés. Une version contestée par les passagers.
Les déclarations d’Israël, tentant de justifier l’assaut de la flottille humanitaire qui se dirigeait vers Gaza, n’ont pas eu le résultat escompté. La communauté internationale a unanimement exprimé son indignation après la mort d’au moins dix militants présents sur les bateaux, qui transportaient environ 10 000 tonnes d’aide humanitaire.
Selon la télévision israélienne, le bilan est même plus lourd : 19 personnes auraient été tuées et 36 autres blessées dans cet assaut mené dans les eaux internationales. L’armée israélienne a, quant à elle, confirmé la mort de dix passagers et affirmé que cinq de ses soldats avaient été blessés, dont deux grièvement. Un peu plus tôt, Tsahal avait affirmé qu’un de ses soldats avait été touché par balle.
Israël fait désormais face à une salve de critiques venues du monde entier. L’Union africaine (UA) s’est dite « choquée » et a condamné les événements en réclamant la mise sur pied d’une enquête. « Cette opération lancée contre un convoi pacifique constitue une grave violation des normes internationales et indique la volonté affichée par l’État d’Israël de poursuivre sa mainmise sur les territoires palestiniens », indique son communiqué. Desmond Tutu, le prix Nobel de la paix sud-africain, a quant à lui jugé l’attitude d’Israël « inexcusable » et a réclamé un débat au Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin au blocus de la bande de Gaza par l’État hébreu.
Crise israélo-turque
Dans de nombreux pays, les ambassadeurs israéliens ont été convoqués et sommés de donner des explications. C’est notamment le cas en Égypte, en Autriche, en Suède, en Grèce, en Espagne, pays qui préside l’Union européenne jusqu’au mois de juin, ainsi qu’en France. Depuis Nice, où il participe au Sommet Afrique-France, Nicolas Sarkozy a « condamné (…) l’usage disproportionné de la force. (…) Toute la lumière doit être faite sur les circonstances de cette tragédie », a-t-il ajouté. La Russie a, de son côté, dénoncé des « violations grossières du droit international ».
La réaction a été encore plus vive en Turquie. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a décidé de rappeler son ambassadeur en Israël. Le pays a prévenu que cet assaut pourrait avoir des « conséquences irréparables » sur les relations bilatérales entre les deux pays, qualifiant les pratiques israéliennes « d’inhumaines ». Ankara est particulièrement endeuillée par la tragédie : la plupart des victimes seraient des ressortissants turcs, d’après une ONG du pays. Dans le centre d’Istanbul, environ 10 000 personnes ont manifesté pour protester contre le raid israélien. « Mort à Israël ! », « Soldats turcs, partez pour Gaza ! », ont crié les participants.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, a indiqué avoir appelé le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, pour réclamer une enquête sur les circonstances précises du drame. Et malgré son habituelle retenue vis-à-vis d’Israël, pour des raisons historiques, Berlin a jugé que l’intervention israélienne était « à première vue disproportionnée » et réclamé une enquête.
Les réactions ont été plus prudentes dans le monde anglo-saxon. La Grande-Bretagne a « déploré les pertes humaines » mais a aussi rappelé ses mises en garde passées « contre toute tentative d’accéder à Gaza de cette manière ». Il est « important d’établir les faits sur cet incident », a cependant jugé le Foreign Office, qui a insisté sur « la nécessité de lever les restrictions sur l’accès à Gaza ». La Maison Blanche, où le Premier ministre Benyamin Netayahou était attendu pour une visite officielle dans un contexte déjà tendu, a également regretté « profondément les vies perdues et le fait qu’il y ait des blessés », assurant que ses services étaient « en train d’œuvrer pour comprendre les circonstances entourant cette tragédie ».
Enfin, le Hamas a appelé « tous les Palestiniens, ici dans les territoires, et dans le monde entier, à sortir pour manifester leur colère, protester contre ces meurtres haineux et montrer leur solidarité vis-à-vis des membres du convoi ».
La version israélienne contredite
Du côté israélien, on rejette la faute sur les humanitaires. Depuis le Canada, où il séjournait avant de se rendre aux États-Unis, le Premier ministre israélien a apporté « son entier soutien » à l’armée de son pays. Son porte-parole, Mark Regev, a affirmé que les soldats avaient été « attaqués avec une extrême violence par les gens sur le bateau, avec des barres de fer, des couteaux et des tirs à balles réelles ». Peu avant, les responsables militaires israéliens avaient avancé la même explication : « Nos troupes ont été attaquées avec une rare violence à l’arme à feu et d’autres armes, et ont dû riposter pour se défendre », a ainsi affirmé l’amiral Eliezer Marom.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Ashkenazi, a mis en cause les passagers du bateau Mavi Marmara, « dont l’organisation extrémiste IHH est propriétaire ». « Il y a eu une explosion de violence extrême dès que nos forces ont été à bord (…). C’était prémédité », a-t-il estimé. Cette version a été contredite par les militants pro-palestiniens présents à bord. « Sous le couvert de l’obscurité, les commandos israéliens ont sauté d’hélicoptère sur le cargo turc Mavi Marmara et commencé à tirer au moment où ils ont touché le pont », a affirmé l’un d’entre eux à l’AFP par téléphone.
Les commandos israéliens « ont tiré directement sur la foule de civils endormis », a ajouté le mouvement Free Gaza, organisateur de la « flottille de la liberté », dans un communiqué diffusé sur son site internet. L’ONG turque IHH a en outre démenti que les occupants des bateaux étaient armés. L’armée israélienne n’a en revanche pas nié que l’assaut avait été mené dans les eaux internationales.
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