Affaire du « Probo Koala » : Trafigura sur le banc des accusés à Amsterdam

Le premier vrai procès dans l’affaire du « Probo Koala » s’ouvrira à Amsterdam, le 1er juin. Sur le banc des accusés : la ville d’Amsterdam, la société de retraitement de déchets APS, le capitaine du cargo et son affréteur, Trafigura, qui fait par ailleurs l’objet de nouvelles accusations depuis mardi 18 mai.

Le procès dans l’affaire du « Probo Koala » doit s’ouvrir à Amsterdam, le 1er juin. © AFP

Le procès dans l’affaire du « Probo Koala » doit s’ouvrir à Amsterdam, le 1er juin. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 20 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est à des milliers de kilomètres des victimes, dans la capitale des Pays-Bas, que va se jouer le seul véritable procès que connaîtra sans doute l’affaire du Probo Koala. Les procédures entamées en Côte d’Ivoire et en Grande-Bretagne s’étaient soldées par des accords à l’amiable avec la société Trafigura – multinationale qui avait affrété le cargo et dont les principaux sièges sont répartis entre Amsterdam, Londres et Luzerne. Mais la justice néerlandaise a décidé d’ouvrir un procès, le 1er juin prochain.

L’épisode amstelldamien

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Outre Trafigura, sont poursuivis pour infraction à la législation sur les importations et exportations de déchets le capitaine du cargo, les responsables de la société Amsterdam Port Service (APS) et la ville d’Amsterdam.

Car avant de déverser ses déchets dans la région d’Abidjan, en août 2006, le Probo Koala avait fait escale dans le port de la capitale néerlandaise avec sa cargaison. L’affréteur du cargo, Trafigura, avait sollicité la société Amsterdam Port Service (APS) pour opérer le traitement de ses boues.

Pourtant, le Probo Koala repart d’Amsterdam les cuves pleines, et prend la direction de la Côte d’Ivoire. La société Trafigura s’est-elle ravisée devant le prix réclamé par APS ? Ou bien est-ce la ville d’Amsterdam qui a fait pression, pour empêcher le déchargement de substances à l’odeur insupportable sur son territoire ? Le procès, qui doit durer cinq semaines, devrait permettre d’y voir plus clair.

Quand Trafigura payait les transporteurs des déchets

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L’annonce des audiences intervient alors que la justice néerlandaise vient d’être saisie par l’ONG Greenpeace pour poursuivre Trafigura, mardi 18 mai. L’association écologiste accuse l’affréteur d’avoir soudoyé neuf chauffeurs de camion ivoiriens qui avaient transporté les déchets.

« Trafigura leur a demandé de dire que les déchets n’étaient pas dangereux, qu’ils n’avaient pas eu d’impact sur leurs vies », a déclaré Marietta Harjono, une de ses porte-parole de l’ONG. « Ils ont reçu [chacun, NDLR] 650 euros le 11 février 2009 et 2 300 euros le 13 avril 2010 », a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que deux d’entre eux étaient morts.

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Réponse de Trafigura : la société n’a « jamais promis aux chauffeurs de l’argent pour leurs témoignages », écrit-elle dans un communiqué cité par l’AFP.

L’affréteur reconnaît toutefois avoir versé à chacun de ces hommes près de 2 300 euros en début d’année. Mais affirme l’avoir fait après une tentative de « chantage » de l’un d’entre eux, qui menaçait de témoigner contre la firme.

Si les faits se sont déroulés en Côte d’Ivoire, Greenpeace demande à la justice néerlandaise de poursuivre Trafigura dans ce nouveau dossier. Mais cette dernière ne s’est pas encore prononcée.

Les pollutions du Probo Koala, en août 2006, auraient causé la mort de 17 personnes, selon la justice ivoirienne. La société Trafigura affirme que les déchets déversés n’ont pas pu causer de décès, sur la base d’un rapport d’experts mandatés par la Cour de Londres. Cette procédure devant la justice britannique s’était conclue par un accord amiable, selon lequel Trafigura a accepté d’indemniser plus de 30 000 victimes.

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