Une campagne « virale » contre le virus
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme investit la Toile pour une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation. Le message : stop à la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Présentée mercredi 19 mai à Paris, la nouvelle campagne de sensibilisation du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se veut novatrice. Si le message, hélas, n’a pas changé – « Chaque minute dans le monde, un enfant naît avec le VIH » – le messager, lui, a fait peu neuve. L’opération « Born Free HIV » (« naître sans le sida »), est en effet résolument orientée vers le Web. Un site internet dédié sur lequel on pourra retrouver tous les projets, programmes et informations concernant l’action du Fonds et de ses partenaires, un compte Twitter, une chaine YouTube qui présente quantité de spots, reportages ou témoignages et une page Facebook : le Fonds mondial joue sur tous les fronts pour sensibiliser l’opinion publique.
La campagne, portée et soutenue par Carla Bruni-Sarkozy, ambassadrice du Fonds mondial, doit durer cinq mois. Elle entend en particulier mobiliser un maximum d’Européens, et les inciter à signer une pétition de soutien. « Une façon de montrer à leurs dirigeants que le soutien public en faveur de la poursuite et de l’accroissement du financement de [cette] mission sera sans faille », explique Michel Kazatchkine, le directeur exécutif du Fonds mondial.
Objectif 2015
Sur le terrain, le Fonds mondial et ses partenaires sont en action depuis le lancement du Fonds, en 2002. La prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME), inscrite parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement, est une priorité des organismes internationaux dans leur combat contre le virus du sida. Et si les programmes déjà engagés se poursuivent, si les financements ne faiblissent pas, le Fonds mondial estime possible qu’en 2015, plus aucun enfant à travers le monde ne naisse avec le VIH. Autrement dit, dans cinq ans, l’épidémie de sida pourrait être enrayée au niveau pédiatrique, donc fortement freinée.
Pas de soins sans prévention
En Afrique du Sud, pays du continent le plus touché par la maladie, plusieurs hôpitaux publics subventionnés par le Fonds mondial ont des services dédiés à la PTME. C’est le cas de la clinique d’Alexandra, un township de la banlieue de Johannesburg. Ici, le personnel soignant travaille autant sur la prévention que sur les traitements. L’hôpital prend en charge le dépistage des femmes enceintes, la prescription et la distribution d’antirétroviraux adaptés à la grossesse, le dépistage des nourrissons et leur suivi après la naissance.
Ainsi, il arrive que certains bébés naissent séronégatifs et deviennent par la suite séropositifs, notamment à cause d’un allaitement mal maîtrisé. La plupart des mères ignorent que le VIH se transmet par le lait maternel. Le personnel soignant leur explique alors comment utiliser du lait de substitution, tout en les mettant en garde : « Pour celles qui n’ont pas les moyens d’assumer financièrement l’achat de lait en poudre, il est moins dommageable de continuer à allaiter l’enfant au sein que de le priver de lait », souligne Precious Robinson, chargée du programme PTME auprès du ministère sud-africain de la Santé. Autre facteur de transmission : l’accouchement par voies naturelles – alors que la césarienne est recommandée pour les femmes porteuses du virus.
Parmi ces femmes enceintes, beaucoup de jeunes filles. Et elles sont de plus en plus nombreuses, peu ou pas informées, à pousser les portes de la clinique d’Alexandra, comme le déplore une infirmière : « Elles ont 15 ans et ne savent pas à quoi sert un préservatif. Elles ont souvent des rapports non protégés, contractent le sida, et prennent en plus le risque de le transmettre à leur enfant. » Face à l’ignorance et au manque de connaissances des populations en matière de transmission du sida, une seule solution : la prévention par l’éducation.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !
- Gabon : 10 choses à savoir sur la première dame, Zita Oligui Nguema
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele